Donjon & Cie 1x03 : Négociations Enflammées
Personnages :
Magog, l'ogre violent et obtus (joué par Akhad)
Gamphrax, le mage égoïste et sans scrupules (joué par Loris)
Ärkûl, le nain combatant aux talents de mécano (joué par Scap)
Ornulf, le gnome diplomate aux talents mystérieux (joué par Adj)
Nos personnages sont réveillés par des commotions en dehors de leurs dortoirs respectifs. Ärkûl s’équipe prestement de pied en cap et sort, tandis que Gamphrax glisse une tête dans le couloir pour demander le silence. De nombreux receveurs sont en train de courir dans les couloirs, dans un chaos indescriptible. Ärkûl attrape par le bras Œil Fendu, un combattant Ungol qui partage son dortoir habituellement et lui demande ce qui se passe. L’Ungol lève l’œil au ciel et lui répond que c’est la panique au niveau 10 parce qu’une bande de visiteurs hobbits a donné du fil à retordre aux receveurs sensés les acueillir et qu’il y aurait encore un hobbit qui a échappé à toutes les équipes.
Ärkûl est un peu surpris des remous causés par un simple hobbit, mais, dans un excès de zèle inhabituel, il s’apprète à aller frapper à la porte de Merk, le chef de section, pour voir s’il peut aider. Toutefois, avant qu’il ait pu frapper, la porte s’ouvre à la volée et il se retrouve face à Merk, visiblement sur les nerfs. « Tu tombes bien, toi », lâche l’orc en lui intimant d’aller chercher ses coéquipiers fissa. Ärkûl s’exécute et les quatre compères sont bien vite dans le bureau du chef de section. « Où est Silemne » demande l’orc ? « Il dort, il voulait pas être dérangé » lâche un Gamphrax vicelard.
Merk a l’air tendu. « Nous attendons un haut responsable de la division des opérations qui a une mission spéciale pour vous. C’est un directeur, alors tenez vous à carreau ! » Ornulf interroge son chef : « C’est en raison de ce hobbit en fuite ? ». Merk a l’air surpris. « Hein ? Ah, non, rien à voir, ça c’est juste les conséquences de receveurs incompétents… »
La porte du bureau s’ouvre. Un homme au teint très pâle, vêtu d’un riche costume de satin noir et d’une longue cape noire à la doublure carmin fait son entrée. Il tient à la main une boîte en bois. Il s’assied sur un fauteuil placé là par Merk, qui devient instantanément obséquieux. « Monsieur Zublavsky, nous sommes à votre service ». L’homme lève les yeux au ciel et répond sèchement « J’étais au courant. C’est donc là la crème de vos troupes ? » Il inspecte l’un après l’autre les Gamphrax, Ornulf, Ärkûl et Magog.
« Vous avez rien de mieux ? » demande-t’il à Merk. Celui-ci bafouille un peu, mais se reprend vite : « Ce sont des receveurs excellents, ils sont capables de réfléchir, et pas seulement de taper, ils l’ont démontré à plusieurs reprises… » Mr. Zublavsky laisse échapper un rire cruel. « Y a intérêt pour eux, sinon ça va chauffer… Littéralement. Qui est leur chef ? » Merk pointe un doigt tremblant vers Ornulf.
Mr. Zublavsky se tourne vers la troupe. « Vous avez sans doute entendu parler de l’incendie des niveaux -28 à -30 qui ont monopolisé une bonne partie des ressources de la direction des opérations ces derniers jours. Ils ont été causés par un Dragon, Leogradomélicornus, Terreur enflammée de l’Est, Princes des Steppes de Zerevan. Il est résident du Donjon depuis avant même la constitution de Donjon & Compagnie. Lui et Monsieur Noir ont un arrangement, mais il semble que le Dragon en soit insatisfait… »
« Les trois missions diplomatiques que nous avons envoyé précedemment ne sont pas revenues, espérons que vous serez donc la bonne. Il vous faut impérativement savoir quelles sont les sources d’insatisfaction de Leogradomélicornus. Afin de pouvoir réagir au plus vite si nous avons moyen de vous aider, je vais vous confier un artefact précieux pris dans la collection personnelle de Monsieur Noir. »
Mr. Sublavsky sort de la boîte en bois un petit gong sur pied et un marteau. Il explique qu’il a la réplique du gong dans son bureau et que lorsqu’ils frapperont celui-ci, ils pourront entrer en communication avec lui. Il précise évidemment que s’il leur venait à l’idée d’utiliser l’objet pour des futilités, il serait plus que contrarié…
Nos héros se mettent donc en route pour le niveau -28, dévasté par les flammes. Le petit plan dont ils disposent leur permet d’accéder à une immense antre qui s’étale verticalement sur trois étages évidés. La pièce fait deux ou trois cent mètres de long. Au fond, un monceau de trésor comme ils n’en ont jamais vus. Nulle trace d’un dragon. Ornulf, néanmoins, a la vague impression de voir d’imperceptibles mouvements à la surface de la pile de pièces d’or…
Des escaliers longeant le balcon par lequel ils sont arrivés leur permettent de descendre au niveau -30 qui constitue le sol de l’antre. Avant de s’approcher du trésor, Ornulf demande à Ärkûl s’il a des conseils particuliers à donner à qui souhaiterait négocier avec un Dragon. Ärkûl – qui passe une partie de son temps libre à compulser les bestiaires de la bibliothèque des receveurs – insiste particulièrement sur la susceptibilité légendaire des Dragons : « Il ne fait surtout pas écorcher leurs noms, et réciter leurs titres en intégralité et correctement ! » Ornulf, peu rassuré, sort le morceau de papier ou il a noté le nom du Dragon. Il se dit néanmoins qu’il ne peut pas se permettre de lire un papier, et utilisant ses talents de métaporphe, il fait apparaître en relief sur la peau du dos de sa main le nom du Dragon.
Il s’approche du tas de trésor, ignorant les commentaires de ses coéquipiers qui s’interrogent sur l’absence du Dragon. Effectivement, alors qu’il est à une vingtaine de mètres du monceau de trésor, celui-ci se met en mouvement, et une tête toute écaillée de rouge en émerge. La tête est aussi haute qu’Ornulf, aussi large qu’Ärkûl et aussi longue que Magog est grand. Le dragon pose son regard sur les receveurs, et dans l’instant ils sont tous saisis d’une frayeur presque mystique. L’humain, le nain et l’ogre reculent d’une dizaine de mètres, mais Ornulf tente de faire face alors que les yeux dorés de l’immense créature se posent sur lui.
- « Ô Leogradomélicornas, Terreur enflammée de l’Est, Princes des Steppes de Zerevan », commence le gnome.
- « COMMENT M’AS-TU APPELE ? » tonne le Dragon.
Gamphrax consulte son propre papier et voit l’erreur du gnome. Improvisant au plus vite un sortilège silencieux d’esprit, il envoie la pensée suivante dans l’esprit d’Ornulf : « C’est LeogradomélicornUs, imbécile ! ». Le gnome, contenant à peine des larmes de terreur, dents claquantes, reprend :
- « Ô Leogradomélicornus, Terreur enflammée de l’Est, Princes des Steppes de Zerevan, Monsieur Noir nous envoie pour connaître votre bon vouloir ».
- « Môssieu Noir ! C’est comme ça qu’il se fait appeler, ce parvenu, maintenant ? Et comment va-t’il, Môssieu Noir ? »
- « Il se porte bien. Néanmoins, il est préocuppé parla chaleur qui s’est récemment propagée sur les niveaux proches de votre résidence, et souhaiterait en comprendre les causes pour pouvoir y remédier… »
- « IL TROUVE QU’IL FAIT TROP CHAUD, LE NOIRAUD ? », hurle soudain le Dragon. »
- « Certes non, balbutie Ornulf. Tout au plus souhaiterait-il ramener un peu de fraîcheur à ces niveaux qui ont un peu souffert des flammes… »
Le Dragon s’extirpe maintenant complètement du trésor et, plus rapide que la lumière, sa gueule se précipite vers le gnome. Alors qu’il n’est plus qu’à quelques dizaines de centimètres, sa gueule s’ouvre en grand, et il éclate de rire. Une haleine souffrée manque de faire s’évanouir Ornulf, qui parvient néanmoins à rester conscient malgré l’infernale odeur.
- « Tu me plais, avorton ! », s’exclame le Dragon. « Noir t’envoie négocier, alors négocions… »
- « Eh, bien, nous aimerions savoir ce qui vous ferait plaisir pour éviter que votre courroux, si juste soit-il, ne s’abbate sur les installations de Donjon & Cie… »
- « Tu aimerais que je te le dise ? »
- « En effet, votre grandeur… »
- « Vil flatteur. Mais moi, je ne négocie pas l’estomac vide, et là, tout de suite, je me grignoterais bien un petit halfelin croquant et gigotant… » finit le Dragon, l’œil malicieux…
Ornulf demande quelques instants au Dragon pour se concerter avec ses compagnons. Ornulf suggère qu’il doit y bien y avoir un employé hobbit de Donjon & Cie qui puisse servir à apaiser le Dragon (ou plutôt être servi pour…) Gamphrax ajoute qu’avec tous les cadavres de hobbits qui trainent a priori au niveau 10, il doit bien en avoir un qui puisse être ressucité…
Ils se retirent au fond de la salle et il actionne le gong. La vibration de celui-ci s’amplifie et semble les envelopper d’une onde qui fait vibrer l’air alentour. La voix (lointaine) de Monsieur Zulavsky se fait entendre. Ornulf lui explique en un mot la situation et lui demande s’il n’y a pas dans l’effectif de la compagnie un hobbit dispensable qui pourrait faire l’affaire. Ils entendent le directeur appeler son assistante et lui demander le registre des employés. Après quelques instants ils entendent le bruit de pages que l’ont feuillette, ponctuée de quelques mots marmonnés : « Mort… mort… bouffé… mort… terminé… mort… viré… »
Après quelques minutes, monsieur Zulavsky les informe qu’à son grand regret, il n’y a personne qui fasse l’affaire. « On a arrêté d’embaucher des halfelins il y a un petit moment, ils coûtaient cher en nourriture et trop souvent des receveurs préféraient s’en servir comme quatre heure que comme compagnons. Quant au personnel administratif, vous savez comment c’est, personne n’aime un farceur jovial qui chaparde des fournitures… »
Après un instant de silence, Zulavsky reprend : « Un gnome, ça ferait pas l’affaire ? » Ornulf s’empresse de répondre par la négative, prétextant l’extrème sensibilité gustative de Leogradomélicornus. Zulavsky reprend alors la parole : « Je ne vois qu’une solution, vous allez au niveau 10, où ils n’ont toujours pas trouvé le client évasif de petite taille, vous le trouvez, vous le troussez et vous l’amenez à l’écailleux. Ne perdez pas de temps ! »
La voix du directeur s’éteint.
Ornulf s’empresse d’expliquer au Dragon qu’ils vont chercher son apéritif et reviennent derechef. Le dragon le regarde, la tête posée sur les pattes. « Avant de partir, prenez ça ! » et il leur lance à chacun une pièce d’or. Ils le remercient, Ornulf se fendant même d’un timide « Il ne fallait pas… » mais le Dragon leur explique avec un sortir plein de temps que ce n’est pas un don qu’il leur fait : ces pièces sont liées à lui, elles lui permettront, s’ils ne rappliquent pas rapidement, de les faire revenir à lui… « Et dans ce cas, conclut-il, je me contenterais d’un assortiment de viandes grillées… »
Les receveurs foncent au niveau 10 (au bon vouloir de l’élévateur, évidemment) où ils retrouvent Hésope et Mérope, les receveurs jumeaux hobgobelins qui encadrent une troupe de collègues à la sortie de l’élévateur. Ornulf leur explique qu’ils sont en mission spéciale pour tenter de récupérer le hobbit vivant et que ce dernier ne doit surtout pas être tué et encore moins mangé. Hésope (dont Mérope se fait l’écho quelques instants plus tard) leur expliquent qu’ils gardent la sortie, que le hobbit est une « vermine invisible » et que deux autres équipes écument le niveau pour trouver l’intrus.
Fiers de leur mission critique, nos héros s’enfoncent dans le niveau 10 du Donjon, sans carte et sans plan. Gamphrax utilise ses pouvoirs pour localiser la direction dans laquelle se trouve le hobbit, et il sent qu’il se trouve environ à 50 mètres de là où ils sont en direction du nord-est. Ils se mettent en route, tentant de s’orienter vers le nord-est au gré des couloirs. Ils parviennent à une pièce dans laquelle gît un cadavre de hobbit à moitié mangé. Avant que quiconque ne puisse réagir, Gamphrax fonce vers le corps et… tombe dans une trappe remplie d’acide. Magog l’en extirpe tandis que ses pieds se mettent à fondre. Gamphrax hurle, invectivant Ärkûl qui, dit-il, n’a pas fait son boulot. Il ingurgite sa potion règlementaire tandis qu’Ornulf métamorphose ses moignons à demi cuits pour lui permettre de marcher sans douleur. Après examen, le cadavre du hobbit n’est pas frais et sa tête est absente.
Ils s’enfoncent plus profondément dans le niveau, et bientôt, malgré le plan fait par Ärkûl au fil de leur avancement, ils sont désespérément perdus. Ils ouvrent les portes les unes après les autres. La plupart du temps, les salles sont vides, mais ils font tout de même quelques mauvaises rencontres. En inspectant un vieux coffre plein de débris pour vérifier que le hobbit n’est pas caché dedans, Ärkûl se fait agresser par un spectre qui parvient à le drainer d’une partie de sa force vitale avant que Magog ne parvienne à l’attraper par la cotte de mailles et qu’ils ne s’enfuient en courant.
Dans une autre pièce, ils aperçoivent un hobbit blotti dans un coin, la tête dans les genoux. Cette fois-ci, ils sont prudents. Ornulf se montre seul et appelle le halfelin : « Eh, petit ! Viens, le danger est passé ! On est venu t’aider… » Le hobbit ne bouge pas. Du coin de l’œil, Ornulf semble apercevoir un lézard qui sort d’une crevasse du mur. « Y a un lézard là. C’est peut-être ça qui lui fait peur ? » « Ou un Basilisk », ditr Gamphrax en relevant sa cape sur ses yeux ?
Agacé par les tergiversations, Ärkûl prend son élan et, au plus vite, court vers le hobbit. Il le soulève, pour le relacher aussitôt : il pèse au moins 120 kilos. « Il est en pierre ! » hurle Gmaphrax. « Je vous avais dit que c’était un Basilisk ! Le regarde pas ». Ärkûl reprend la statue du hobbit et, fermant les yeux, court dans la direction générale de la sortie. Il percute le chambranle de la porte, de la pierre vole en éclat. Il pose finalement le hobbit dehors, tandis que Magog referme la porte.
« Salement amoché », dit Gamphrax. « T’aurais pas pu faire attention ? T’as pêté un bras et un coin de la tête. Même si on pouvait le transmuter dans l’autre sens, il nous sert plus à rien ». Ärkûl fusille le mage du regard. Laissant la statue dans son piteux état, nos receveurs se remettent en route, errant dans les couloirs et ouvrant des portes de ça de là. Derrière l’une d’entre elles, quatre immenses squelettes attendent les intrus. Ärkûl tente de refermer la porte mais un des squelettes parvient à le blesser, et il perd prise sur l’anneau qui sert de poignée. Magog pousse le nain et, de sa hache, parvient en quelques coups à éliminer le premier squelette. Mais lui aussi a été blessé à plusieurs reprises, il saogne abondamment. Repoussant de sa hache un autre des squelettes, il ferme la porte à la volée et se retourne vers ses compagnons fous de rage :
« Moi en avoir marre ! » hurle-t’il. « Nous ouvrir les portes, nous manquer de mourir et nous pas trouver hobbit. Nous pas avoir de plan, nous pas savoir comment faire. NOUS PLUS BÊTES QUE DES CLIENTS ! » Abasourdis, ses compagnons le regardent. Ornulf, le premier, reprend ses esprits, étonné non pas par la colère de l’ogre mais par la justesse de son raisonnement. Ils décident donc d’échafauder un plan.
Après quelques moments de réflexion, ils se mettent à la recherche d’une intersection en L, où seulement deux issues sont possibles. Ornulf fait un feu, et Magog lui confie une cuisse d’elfe fumée qu’il gardait dans son paquetage depuis leur précédente expédition. Pendant ce temps, Ornulf se concentre et se métamorphose en hobbit. Il se pose devant le feu et fait tourner la broche.
Gamphrax, lui, prend son temps pour incanter un sort qui affectera l’ensemble du niveau. Cette manipulation des esprits a pour objectif de donner faim. Gamphrax doit maintenir sa concentration pour que l’effet perdure, il se cache donc dans un recoin du couloir à une vingtaine de mètres du feu. Une dizaine de mètres plus loin, Magog et Äkûl se postent pour empêcher que des receveurs qui explorent actuellement le niveau ne trouvent Ornulf et, le prenant pour un hobbit, ne le massacrent.
S’ensuit une longue attente. Au bout d’environ trois quarts d’heure, une troupe d’orcs menée par un demi-orc massif font irruption dans le couloir. Magog les arrête. Ärkûl leur explique qu’ils ont tendu un piège pour attraper le hobbit et qu’il faut maintenant s’éloigner des lieux, mais les orcs ne s’en laissent pas compter. Ils pensent que Magog et Ärkûl veulent garder la bonne chair de hobbit pour eux-mêmes. Finalement, Magog est forcé de montrer les dents (et la hache) pour qu’ils se décident à rebrousser chemin.
Peu de temps après, Ornulf entend un très léger bruit non loin du feu. Il lève la tête.
- « Qui est là ? »
Un long silence, suivi d’une petite voix…
- « C’est moi, Oscar Verteprune… »
- « Ah, Oscar ! » s’exclame le faux hobbit, « je suis content de te voir ! Enfin, sauf que je ne te vois pas… »
Subitement, une petite silhouette apparaît devant Ornulf, tenant à la main un anneau.
- « Qui êtes vous » demande le vrai hobbit
- « Anastase Salsepareille », répond Ornulf, inventif. « Le conseil des anciens du village m’a envoyé à ta rescousse. »
- « J’ai faim », dit Oscar.
- « Assieds-toi, j’ai préparé à manger pour moi, mais il y en a assez pour deux… »
- « Mais ce n’est pas prudent de rester là… On devrait s’enfuir… »
- « T’inquiètes pas, certains des notres gardent les issues. On est tranquille. Reprenons des forces et après on ira. »
Subrepticement, Ornulf se rapproche d’Oscar. Celui semble inquiet.
- « Comment le village a pu être au courant si vite qu’on avait échoué ? Et comment les anciens savaient-ils que j’étais encore en vie ? »
- « Un des vieux a trouvé un vieux parchemin de divination. Quand ils ne vous ont pas vu revenir, il a utilisé le parchemin. »
- « Comment ça se fait-il que je ne te connaisse pas » dit soudain Oscar en reculant et en mettant la main à sa poche.
Mais Ornulf ne se laisse pas surprendre. Il bondit sur le hobbit et le ceinture en appelant Magog à la rescousse. Mais avant que l’ogre n’arrive, il réussit à assomer le hobbit. Il glisse la main dans sa poche et récupère l’anneau. Lorsque ses collègues arrivent, il ne reste plus qu’à ficeler le hobbit et à parader triomphalement devant les deux équipes de receveurs qui regardent piteusement l’avancement leur passer sous le nez.
De retour à l’élévateur, nos héros descendent illico pour le -28 puis retracent leur pas jusqu’à l’antre de Leogradomélicornus. Celui les attend, dans la même position qu’à leur départ, les paupières mi-closes. Il hume à leur approche et un sourire carnassier se dessine sur son visage. Il ouvre grand les yeux et de petites flammèches sortent de ses naseaux. « Un zakouski de choix. Monsieur Noir sait s’entourer ! » dit-il…
Le Dragon tend la patte et se saisit entre deux griffes du hobbit ligoté. Il sourit de nouveau, alors que les yeux d’Oscar, bailloné, luisent d’une sourde terreur. Leogradomélicornus se tourne alors vers Ornulf et lui dit : « Petit négociateur… Négocions ! »
- « Eh bien, oui, pour en revenir à ce que je disais précédemment, comment dire… Monsieur Noir aimerait savoir pourquoi vous souhaitez susciter tant de chaleur ces derniers temps… »
- « Môssieu Noir veut savoir pourquoi j’ai réduit deux de ses petits niveaux en cendres ? »
- « Euh oui, si vous voulez le dire comme ça… »
- « C’est très simple, je m’emmerde… »
Ornulf est tellement surpris par la réponse qu’il en perd sa répartie.
- « Et… et… qu’est-ce qui pourrait vous changer les idées, Leogradomélicornus, Terreur enflammée de l’Est, Princes des Steppes de Zerevan ? »
- « J’ai une petite idée… En fait, je manque d’exercice d’une sorte… un peu particulière. Je vous fais pas un dessin. Dites à monsieur Noir que je suivrais les termes de notre pacte, S’IL ME TROUVE UNE COMPAGNE A MON GOÛT ! »
Forts de cette préoccupante information, nos amis receveurs remontent au niveau I où sont les quartiers des receveurs. A la sortie de l’élévateur, Merk les attend, impatients et tendus. Il leur demande s’ils ont réussi, et l’assurent que c’est le cas mais n’en disent pas plus. « Ce sont des informations qui doivent aller directement au directeur Zulavsky ! » sussure Ornulf. Merk est frustré et un peu inquiet, mais il accepte d’escorter la troupe au niveau VII où se trouvent les bureaux de Mr. Zulavsky.
Les receveurs et leur chef de section empruntent un élévateur différent de l’habitude, dont la course est bien plus fluide. Ils montent jusqu’au VII, où les attend une jeune et accorte elfe noire vêtue d’une robe noire fort seyante. « Monsieur Zulavsky va vous recevoir dans un instant » dit-elle en les conduisant à travers des couloirs couverts d’une épaisse moquette vers une porte moletonnée de cuir. Après quelques instants, Mr. Zulavsky ouvre la porte et fait signe aux receveurs d’entrer. Lorsque Merk s’apprête à franchir la porte, il lui barre le chemin : « Je vous verrais plus tard, monsieur… monsieur ? » « Merk, monsieur ». « Oui, c’est ça. Vous pouvez redescendre, je vous ferais mander. »
Confrontés au directeur, nos amis n’en mènent pas large. « Une autre sorte de Dragon », se dit Ornulf, qui sait néanmoins présenter leur mission sous son meilleur jour. Lorsque le gnome explique au directeur les desiderata de Leogradomélicornus, celui-ci se gratte le menton d’un air préoccupé. Enfin, il se tourne vers les quatre receveurs et dit :
- « Vous n’avez pas encore effectué de mission à l’Extérieur, si je ne m’abuse ? »
Monsieur Noir