C'est pas que je n'aime pas les super héros, sinon je n'aurais pas acheté Civil War par exemple, mais je n'ai plus 15 ans, et je n'en suis plus à mon premier Strange. Tu me parles d'un temps où Image a fait apparemment du mal aux super héros, je pense plutôt que cette époque a ouvert une brèche à des individus avec super pouvoirs, et pas seulement avec un super pouvoir et du côté de l'armée du Bien. En fait j'ai beaucoup de mal avec le super héros "anonyme", celui qui met un costume juste parce qu'on lui a donné un super pouvoir, et qui va fighter du méchant parce que c'est son destin. Ca me paraît complètement antagoniste avec ce qu'il y a à aimer chez un super héros. Les ventes de super héros ne sont pas égales entre les séries, il y a des super héros plus populaires que d'autres. Amha, le super héros sert d'abord à nous projeter dans un meilleur nous même et nous faire appréhender des choix moraux supérieurs à ceux de notre quotidien. Je suis un ado en quête d'identité je me reconnais dans un spidey qui a des problèmes au lycée et qui n'a pas un sou pour inviter sa chérie au restau ou qui oublie d'acheter les oeufs pour sa tante. Après il y a aussi des histoires qui sont tellement bonnes qu'on a pas besoin de s'identifier pour rentrer dans l'histoire, mais elles se basent quand même sur des super héros personnifiés et avec du caractère, des forces et des faiblesses, quelque chose qu'on peut aimer ou détester.
Du coup, le concept du super héros "figurant" m'échappe totalement. C'est la raison pour laquelle je suis méfiant sur les groupes de super-héros, et encore plus dès qu'on me parle d'armée ou de groupe multiple. J'y vois en général une certaine fadeur narrative due au fait que les personnages exécutent des missions ou rejoignent un combat, et assez souvent uniquement cela. C'est surement du 50%/50%, parfois la mission est palpitante, parfois la mission sert de prétexte à d'autres histoires, mais bon le comics étant de la lecture périodique on cotoie aussi le très ennuyeux, et c'est pour éviter ceux là que par principe je boycotte les assemblées de super héros.
Au sein d'une même histoire, on peut avoir de gros décrochages, par exemple anno 1602 ou la première partie est faite par Neil Gaiman qui arrive à mettre en relief tous ses super héros et faire rebondir son histoire jusqu'à la chute, et les parties suivantes par d'autres auteurs qui ont géré le groupe de super héros en pur linéaire et sans beaucoup d'inspiration. Là l'exemple contient typiquement les deux facettes, celle d'une réunion intelligente de super individus et celle du super groupe mis ensemble par défaut et gérant le fil rouge de la série sans vraiment emmener le lecteur.
J'imagine qu'on pourrait trouver plein de contre exemples, le truc c'est que nul d'entre nous n'a le temps de tout lire, il se rabat donc sur ce qu'il est susceptible d'aimer en premier lieu. Avec un nom comme Civil War, je m'attendais à plus de politiquement incorrect, et surtout je m'attendais à être immergé dans un conflit. Et ca fonctionne bien, au début. Ensuite, à mesure qu'on dézoome des individus pour parler de ce que fait chaque camp et qui intégère quoi, l'histoire perd en intensité. Mais je n'ai pas passé un mauvais moment de lecture, j'ai vu mes super héros favoris.
Au delà de la lecture proprement dite, mes propos avaient pour ambition de dériver sur une adaptation en jeu de rôles pour Icons, et donc de faire ressortir des points qui peuvent juste faire tiquer quand on les lit, mais qui sont très vite ridicules ou inexploitables dans un scénario de jeu de rôles. Donner une chance à un joueur de créer une armée de super héros, et ca va vite vous flinguer un scénar. Idem si vous ne savez pas vraiment d'où viennent les pouvoirs, comment allez vous répondre à vos joueurs qui s'injectent des seringues dès qu'ils en trouvent ou qui se baladent tout nus dans des champs de radiations ?
Avec les contraintes de jeu, et les joueurs que je connais, proposer le scénar américain typique est un exercice voué à l'échec, et ce pas que pour les super héros d'ailleurs... Venant des Savage Plots de Savage Worlds, combien de fois j'ai du remettre des contextes là où le scénar consistait juste à savoir ce qui allait mener à la bataille finale...
Pour conclure et tenter de répondre à ta remarque, je dirais que j'aime les histoires de super héros mais que certaines m'ennuient. En jeu de rôles, on essaie d'éviter le scénario qui commence dans une taverne. Ben pour les super héros, j'essaie d'éviter l'équipe de super héros qui défend le Bien contre les envahisseurs d'une autre dimension ou le regroupement de super vilains qui ont décidé de lancer des missiles sur deux ou trois grandes capitales du monde. Après, c'est toujours bien quand c'est bien fait, on est d'accord. Et parfois, un scénar qui commence dans une taverne s'avère super original. Le problème c'est qu'on a pas toujours le temps de tout essayer, alors on sélectionne arbitrairement.
FX - MJ Mantel d'Acier, Nova Praxis.