Donc, pour résumer : Red c'est l'inertie historique, Gold l'inertie sociale des encapés, Blue le degré de fantastique et Black la clarté morale. Ces axes détaillent en fait la place des super-héros dans l'univers, ce qui facilite l'immersion des joueurs... mais ils constituent également des pistes de réflexion pour le meneur de jeu.
Baisser le Gold, l'inertie sociale des supers, permet de se rapprocher de l'univers de Powers (Gold 2) ou de Top Ten (Gold 1)... et par exemple de croiser d'anciens super-héros déchus, alcooliques, réduits à se produire dans des cirques miteux ou dans de sordides combats de catch. Ce qui peut ravir certains joueurs - et en dégoûter d'autres. Une campagne Silver Age a son charme, après tout ! Un joueur d'Icons pourrait chercher le fun plutôt que l'introspection amère. Croiser un ancien héros devenu une épave peut pourrir le groove de l'empereur, enfin, de superman, si vous voyez ce que je veux dire... Mais c'est également un rebondissement très intéressant à faire jouer.
Il faut faire un choix !
Baisser le "Rouge" (l'inertie historique) a des conséquences encore plus importantes sur le background. Sans aucune inertie (Red 1), si les encapés peuvent réécrirent l'histoire... alors il faut soit jouer dans une uchronie (ils ont réécrit l'histoire) soit inventer une histoire secrète, genre Vampire la Mascarade (l'histoire s'explique par les affrontements entre super-êtres, Pompéi a été ravagée par un mutant contrôlant le magma par exemple, ces luttes étaient autrefois discrètes avant qu'un surhomme ne se décide enfin à enfiler des collants chamarés et à mettre son slip par dessus). Ou alors jouer juste après l'apparition des supers, bien sûr.
Pour un feeling fun et décomplexé, il est tout à fait possible de conserver une inertie élevée, comme dans les comics mainstream. Du fait de l'équilibre des forces entre super-héros et super-vilains, et parce qu'un surhomme ce n'est jamais qu'une arme de plus au cours d'une guerre, l'histoire reste très proche de ce que nous connaissons...
A noter que ces couleurs interagissent, bien sûr.
Je vais moi aussi donner un exemple avec un aspect non négligeable de mon univers à moi que j'ai...
Les super-cerveaux existent depuis les années trente. Leur intelligence surhumaine a souvent entraîné divers troubles mentaux... qui ont poussé ces aimables scientifiques à prouver leurs théories révolutionnaires à grands coups de robots géants et de rayons de la mort plutôt qu'autour d'une conférence. Rien ne remplace la pratique. Les progrès de la psychanalyse ont toutefois permis de réhabiliter certains d'entre eux. La technologie humaine a ainsi fait un bond de géant, une avance d'une trentaine d'années selon certains médias !
Bon. Vous l'aurez compris, j'ai baissé un peu l'inertie sociale (les super-cerveaux ne sont pas tous condamnés à être des savants fous). Et j'avais également diminué l'inertie historique, pour donner plus de liberté et aux joueurs et à mes délires personnels. Du coup, l'existence de génies scientifiques à l'intelligence surhumaine entraîne logiquement une augmentation rapide du progrès technique. Comment gérer ça sans sombrer dans la science-fiction ? Pour ne pas m'embêter... je fais jouer dans la deuxième moitié des années 70, mais avec la technologie de maintenant.
Simple. Et puis, les justaucorps bariolés, ça va très bien avec le disco !
Donc, baisser un peu le Red et le Gold ont eu une influence non négligeable sur certains aspects du background, y compris la musique qu'entendront les personnages en boîte de nuit. Le disco n'est pas mort... Le disco, c'est la vie ! Tous à la piste de danse !
Certaines de mes références ne sont pas très mystérieuses.
