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Éditions John Doe • Afficher le sujet - [CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loups


[CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loups

L5R... la grande muraille en moins

[CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loups

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Macbesse
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Messagepar Macbesse » 26 Juil 2013, 18:46

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Re: [CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loup



Cela fait plus d'un an qu'Ofumi s'est installée à Sakai. Elle s'y trouve bien, ne regrette absolument pas d'avoir rompu avec sa famille dont elle n'a pas de nouvelles. Elle partage son temps entre la boutique, où elle apprend à faire de son art un commerce, et la maison, où elle essaye de conserver une pratique plus épurée.
C'est dans ce contexte que son attention finit par être attirée par l'un des livreurs. Il a beau être très sympathique avec ses collègues, il a un comportement bien distinct. Par exemple, il peut passer du temps, jusqu'à se mettre en retard, à regarder une composition florale. Ce décalage entre la profession manuelle et une nature contemplative éveille l'intérêt d'Ofumi.

Elle se dit qu'il doit s'agir d'un lettré qui exerce une profession manuelle par nécessité, ce qui, d'une certaine manière, leur fait un point commun. Elle prend les devants et en discute avec lui. S'il ne lui est pas possible de vérifier son hypothèse, elle prend beaucoup de plaisir à discuter de leurs regards respectifs sur les choses, un plaisir qui semble partagé.

Quand il propose pour la première fois de la retrouver après le travail pour une promenade, elle est un peu surprise mais elle accepte. Elle suppose qu'il va l'emmener visiter des ateliers, peut-être celui d'un céramiste, qui sait. Ce n'est pas ce qui se produit. Ils se promènent tout simplement dans les rues. Il se montre très sensible à la beauté du spectacle urbain, à toute cette vie foisonnante. Comme elle conçoit l'art en continuité avec la vie, cette perspective lui plaît. Bientôt, les promenades deviennent rituelles.

Un soir, pourtant, il ne vient pas. Elle attend un peu, le cherche, fait le tour des boutiques où elle sait qu'il fait des livraisons. Oui, il a été vu dans la journée. Mais elle ne retrouve pas sa trace. Elle finit par errer dans la ville à sa recherche, sans plus vraiment avoir de but. Elle est furieuse, mais pas contre lui, contre elle-même. Elle est furieuse de ne pas s'être aperçue plus tôt qu'elle tenait autant à lui. Il fait déjà bien nuit.
Elle décide finalement de rentrer. Sur le chemin du retour, elle entend des pas derrière elle. Elle accélère. Elle entend son nom : c'est sa voix, la voix de Saionji.
Il se confond en excuses. Il a l'air très gêné. Elle essaye d'atténuer le plus possible ce sentiment mais rien n'y fait. Il semble dans un état de confusion émotionnelle extrême et elle ne comprend pas pourquoi. Il dit avoir quelque-chose à lui montrer. C'est en dehors de la ville.

Elle est surprise. Elle est aussi un peu inquiète : ils se sont ouvert mutuellement leur monde intérieur, mais elle ne sait rien d'autre de lui. Elle décide pourtant de lui faire confiance et elle le suit. Après une heure de marche, ils rejoignent un coteau qui surplombe la ville. La nuit est belle, la lune haute et les étoiles bien visibles. Ils sont déjà allés là. Il est de plus en plus nerveux à mesure qu'ils approchent. Une fois arrivés, elle lui dit qu'ils ont le temps, lui demande de s'asseoir à côté d'elle. Ils sont assis tous les deux, ils regardent la ville, ils parlent longuement de la beauté des lumières de la ville, la nuit, de l'ombre sur les forêts, des étoiles. Il a l'air apaisé, elle se sent bien. Il se lève, elle se lève. Il lui demande de fermer les yeux. Elle ferme les yeux, s'attend à ce qu'il l'embrasse, le souhaite même. Une minute passe et il n'en est rien. Hésiterait-il ? Et pourquoi ? Il lui demande d'ouvrir les yeux.

Devant elle se tient un homme-loup - un loup anthropomorphe. Elle le reconnaît malgré ce changement. Il lui dit qu'il préférait être honnête envers elle. Elle est touchée de cette confiance mais ne dit rien. Il espère ne pas lui faire peur. Elle répond que non, elle n'a pas peur. Elle est juste surprise, mais dans le fond, les loups font partie de la vie. Elle avance la main vers son pelage. Il la laisse faire. Elle lui caresse la poitrine. Il entre lentement dans son périmètre, elle sourit, le laisse venir à elle. Il l'enlace. Elle répond à son étreinte. Elle est surprise par la douceur du pelage, surprise aussi d'apprécier cette odeur. Elle ne veut que cette étreinte reste tendre bien qu'elle sente couver en lui - et en elle - le désir : la journée l'a fatiguée et elle ne voudrait pas gâcher un tel moment, aussi préfère-t-elle se blottir contre lui. Elle reste longtemps blottie à profiter de sa chaleur et finit par s'endormir.

Le lendemain matin, elle se réveille toute habillée dans son lit. Elle espère qu'elle n'a pas rêvé et cherche des poils de loup sur ses vêtements. Elle en trouve et les collecte précieusement. C'est alors qu'elle entend du bruit dans la cuisine, se dit que c'est peut-être lui et l'appelle. Il répond, arrive (sous forme humaine), la découvre avec une touffe de son pelage en main. Il est très gêné et rougit, balbutie un peu, dit qu'il prépare de quoi manger pour le petit-déjeuner. Elle rougit à son tour : elle a un peu l'impression qu'il lui force la main mais, d'un autre côté, ces petites attentions lui font très plaisir. Voyant cette confusion dans ses sentiments, il lui demande s'il doit partir. Surtout pas ! La réponse est immédiate. Ils parlent beaucoup, sur le lit, sans manière, de leurs vies.

Quelques jours plus tard, ils font l'amour pour la première fois. Il aurait voulu la chambre. Elle a préféré la bruyère du coteau, le lieu où il s'est révélé à elle, le lieu où il lui a accordé sa confiance. Il aurait voulu la forme humaine, elle a préféré sa forme d'homme-loup, car elle veut aller jusqu'au bout de son acceptation. Elle a cependant des appréhensions, ou plutôt des questions. Elle se demande si c'est possible physiquement, si cela lui plaira, s'il ne faudra pas faire d'autres essais, sous cette forme ou sous forme humaine en cas d'échec. Elle se rappelle combien son pelage lui avait paru doux et son odeur désirable. La conjugaison de la détermination et du désir fait que cette première fois dépasse toutes ses espérances. Elle aime aussi le voir s'abandonner à elle, lui qui est tant dans le contrôle, lui qui réfrène sa part animale. L'amour sous forme humaine, essayé peu après, ne lui apporte pas le même plaisir, ni la même satisfaction de son amour pour lui, et petit à petit, ils en viennent à ne faire l'amour que sous sa forme de loup.

Bientôt, elle est enceinte. D'autres questions se posent : combien ? Une portée, comme une louve ? Un seul ? Sous quelle forme ? Un louveteau à la naissance, capable de se transformer en homme ? L'enfant aura-t-il les mêmes capacités que son père ? Il n'en sait pas plus. Toute sa famille est morte lors d'une battue, organisée sur un malentendu (un simple loup enragé s'en était pris à un homme). Il était un des membres de la meute qui observait le plus le village et il était sous sa forme humaine quand la battue a eu lieu, certes nu. Il a été recueilli et élevé là-bas, dans la montagne, avant de la quitter pour observer davantage la société des hommes dans cette ville qui le fascine.

Il n'est donc pas question de faire appel à une sage-femme. Ils se renseignent, apprennent quelques bases essentielles (le cordon ombilical, l'eau), et espèrent que tout ira bien. Il l'assiste lors de l'accouchement. Malgré les douleurs, malgré la durée, l'accouchement se passe sans encombres. C'est une petite fille. Il est possible qu'elle reste petite fille toute sa vie sans changements. Pour la première fois depuis très longtemps, il se change en loup et pas en homme-loup, pour chasser dans les environs de la ville. Par instinct, pour nourrir la mère affaiblie et l'enfant. Il ne lui dit pas, mais ramène du gibier. Cela ne la choque pas. A la campagne, elle avait l'habitude de l'accommoder.

La petite fille, Naeko, montre bientôt des dispositions pour se changer en loup. Pendant les premiers moi, elle ne le contrôle pas du tout. La transformation, remarque sa mère, est causé par des changements d'état émotionnels : la colère, la faim, le besoin de la mère. Elle y répond du mieux qu'elle peut, passe beaucoup de temps à la calmer pour qu'elle reprenne forme humaine. Elle n'accepte pas de lui donner le sein quand elle est sous sa forme de loup. Petit à petit, Naeko est donc bien obligée de se discipliner.

Ofumi essaye de reprendre son travail. Il n'est pas possible d'aller à la boutique car Naeko ne peut pas être gardée. Elle se met d'accord avec son patron pour prendre des commandes à la maison. Petit à petit, la maison se peuple de compositions florales. Naeko, qui n'a pas encore deux ans, les regarde avec des sentiments mêlés : elle a une certaine admiration pour ce que fait sa mère, mais ces compositions lui prennent du temps et l'éloignent d'elle.
Un jour, elle met une importante commande en pièces. Elle joue avec puis la déchire de ses petites pattes.
Ofumi ne la gronde pas. Elle essaye de lui expliquer du mieux qu'elle peut la différence entre ce qui est à elle et ce qui n'est pas à elle, de lui expliquer qu'elle doit demander à maman ou papa avant de prendre quelque-chose qui n'est pas à elle, qu'ils lui donneront peut-être. Elle fait même une petite composition pour elle, pour qu'elle puisse jouer avec. Elle ajoute que ces compositions que fait maman leur permettent de rester ensemble ici avec papa.
Cette dernière phrase terrorise Naeko. Elle ne touche plus du tout aux compositions et s'en tient même à une distance plus que respectueuse.
Le soir, Ofumi raconte l'incident à Saionji. Elle en fait un récit très fidèle et n'omet aucun détail, pas même cette dernière phrase dont elle n'avait pourtant pas vu l'effet dévastateur. Saionji, lui, comprend. Ils parlent de la difficulté à expliquer aux enfants des concepts comme la propriété ou le salaire. Après le repas, il va parler à Naeko et entreprend de la rassurer. Ofumi, quelques jours plus tard, entreprend de faire une explication plus détaillée : "Papa et Maman ne créent pas tout : ce kimono que tu portes, par exemple, c'est quelqu'un d'autre qui l'a fait. Pour en avoir un, Maman peut faire un bouquet et l'échanger contre un kimono". Naeko finit par comprendre. Elle ne touche plus à ce qui ne lui est pas destiné sans pour autant être traumatisée.

Des gens viennent passer ou retirer des commandes. Il y a donc un risque pour que Naeko soit vue en forme animale. Ofumi ne veut pas la contraindre à rester toujours en forme humaine. Elle veut qu'elle garde la possibilité de choisir, plus tard, en connaissance de cause. Elle ne veut pas non plus qu'elle reste à l'écart dès qu'il y a des gens, ce serait la pousser vers sa nature de loup. Alors elle essaye de faire en sorte qu'elle ait des activités calmes avant l'arrivée des clients, mais le comportement de Naeko est imprédictible. Elle finit par édicter la règle suivante : pas de transformation quand il y a des étrangers. La raison en est la suivante : il n'y a que Papa et toi qui savaient vous transformer. Toi tu ne sais pas le faire ? Non, Maman ne sait pas le faire. Naeko se demande pourquoi les gens seraient mécontents alors que ça ne pose pas de problèmes à Maman qu'elle se transforme, ou Papa, mais elle promet de garder le secret.

Ofumi a arrêté d'allaiter Naeko peu après ses deux ans. Alors qu'elle avait à la fois du travail et une grosse charge avec Naeko, elle continuait d'avoir des attentions pour Saionji, et la réciproque est vraie. Ils sont donc parvenus à maintenir bon an mal an une vie de couple. Il n'est donc pas très étonnant que peu de temps après la fin de l’aménorrhée, Naeko soit à nouveau enceinte. Au cinquième mois, elle commence à devoir consacrer moins de temps à ses compositions et Saionji travaille de plus en plus tard pour qu'ils mettent de l'argent de côté en cas de coup dur et en prévision de sa période d'inactivité.

Ofumi est presque à terme. Les deux parents ont bien expliqué à Naeko ce que signifiait ce ventre arrondi et l'ont prévenue que c'était un bébé, un petit frère ou une petite soeur. Naeko, pour le moment, voit surtout que Maman lui consacre moins de temps, même si elle est un peu curieuse.

Un soir, Saionji ne rentre pas du travail. Ofumi a un serrement de coeur en pensant à ce certain soir où il n'était pas venu au rendez-vous. Pourquoi était-il en retard ce jour-là ? Finalement, il ne l'avais jamais expliqué. Rapidement, elle s'inquiète. Elle laisse un mot sur une tablette de cire et sort avec Naeko. Naeko comprend que sa mère est inquiète, mais elle est très excitée à l'idée de sortir le soir en ville. C'est la première fois. Elle est aussi très excitée à l'idée de retrouver papa. A nouveau, Ofumi fait le tour des boutiques où travaille Saionji. A nouveau, elle ne le trouve pas. Elle regarde le coteau et prend sa direction. C'est déjà le crépuscule. Elle est épuisée d'avoir couru partout alors qu'elle est enceinte, et ce d'autant plus qu'elle doit maintenant porter Naeko. Elles passent un pont qui enjambe un canal. Là, Naeko sent l'odeur de son père. Ofumi la descend. Faisant ce geste, elle voit au bord du canal le corps inerte de Saionji, dans sa forme de loup. Il a l'oeil ouvert et fixe, le pelage ensanglanté. Il a encore une poule faisane coincée dans la gueule. Un passant le tâte du pied.
Ofumi court rejoindre les bords du canal, oubliant Naeko, oubliant l'enfant qu'elle porte. Sa fille la suit, appelant son père. Le temps qu'elles arrivent, le corps de Saionji a été poussé à l'eau par le passant, qui s'éloigne. Ofumi voit le corps de l'homme qu'elle aime couler dans les eux brunes du canal. Elle refuse de le perdre. Ne pas perdre son corps, se dit Ofumi - et il est peut-être encore vivant, qui sait ? Elle se jette à l'eau.

Ofumi est enceinte et ne sait pas nager. Elle espère avoir pied. Elle n'a pas pied. Avec la rage du désespoir, elle parvient à attraper la tête de Saionji, et même à passer un bras autour. Naeko voit sa mère et la tête de son père émerger. Elle crie, les appelle. Ofumi boit plusieurs fois la tasse et commence à avoir de l'eau dans les poumons. Elle coule et prend conscience qu'elle doit mourir avec Saionji ou vivre avec ses enfants. Une main la cherche. Elle l'attrape. Elle entend : "Mais lâchez ce loup Madame !" ou peut-être autre chose, mais c'est ce qu'elle comprend. Elle essaye de remonter en agrippant cette main, mais Saionji est trop lourd. Elle sent une contraction. L'eau est maintenant bien au-dessus d'elle, elle ne voit plus rien, ne respire plus. Elle lâche le corps de Saionji. Naeko voit le passant qui a poussé son père sortir sa mère de l'eau, seule.

La lutte a mis Ofumi est au bord de l'inconscience. Elle recrache l'eau sale du canal. De nouvelles contractions se font sentir. Elle demande à son bébé de ne pas sortir, pas maintenant. On lui demande où elle habite. Elle est bien incapable de se montrer précise. C'est Naeko qui, dans un état second, montre le chemin.

Quand Ofumi se réveille, une voisine avec qui elle s'entendait bien est là. Elle fait à manger. La conversation est polie, trop polie, et Ofumi comprend qu'il y a une gêne, que l'inconnu a parlé, que les rumeurs ne tarderont pas à se propager. Naeko a beaucoup pleuré. Ofumi retient ses pleurs devant sa fille.
Quand la voisine est partie, elle entreprend de la rassurer. Elle ne veut pas que sa fille se sente abandonnée. Elles partagent leur tristesse, bien sûr, mais Ofumi insiste sur le fait que Maman sera toujours là quand elle aura besoin d'elle.
A ce moment là, Naeko remarque une petite auréole dont la taille va croissant sur le tatami, sous le kimono de sa mère. Elle se demande si sa mère n'est pas en train de faire pipi. Elle ne sait pas trop comment le dire sans se faire gronder mais l'auréole grandissant, elle ne peut bientôt plus faire autrement. Ofumi prend enfin conscience que ses cuisses sont humides et qu'un mince filet s'écoule. Elle comprend ce qui se passe et sait qu'il ne faut pas retarder l'accouchement.

Naeko est envoyée chercher la voisine, bientôt charger d'aller quérir une sage-femme. Ofumi prend le pari que l'enfant sortira sous sa forme humaine. De toute façon, elle a besoin d'assistance et n'a pas vraiment le choix. Elle trouve encore la force de préparer des linges propres et une bassine d'eau.
Elle demande à Naeko de rester à côté. Elle ne peut décemment pas la confier : dans cet état émotionnel, elle risque de passer sous sa forme de loup. Même à côté, elle ne doit se transformer sous aucun prétexte. Elle la prévient que Maman va peut-être crier, mais que c'est tout à fait normal, que ce n'est pas grave. Sur ce dernier point, Naeko est plus sceptique.
Dans l'état physique et émotionnel dans lequel se trouve Ofumi, l'accouchement est un vrai calvaire. La tension musculaire démultiplie la douleur et elle ne peut, malgré tous ses efforts, bientôt plus se retenir de crier.
Naeko passe des heures à entendre les cris de douleur de sa mère, figée sur un tatami. Elle ne se transforme pas, au prix d'un effort surhumain et au prix d'une intériorisation très douloureuse tant du deuil que de la souffrance maternelle.
L'enfant naît enfin. C'est un garçon, il est bonne santé. Alors qu'elle est au bout physiquement et moralement, Ofumi doit encore allaiter. Elle fait aussi venir sa fille, pour lui présenter son petit frère, Guntaro.
Naeko n'est pas très intéressée par cette petite chose rouge qui a fait souffrir Maman et qu'elle associe à la mort de son père. Par la pure force de sa volonté - elle prend encore sur son temps de sommeil, Ofumi trouve encore le temps de réconforter sa fille, de lui caresser les cheveux, de la câliner alors que Guntaro s'endort. Naeko finit par s'endormir d'un sommeil agiter contre sa mère, et Ofumi goûte à un premier instant de repos, et peut enfin pleurer la perte de l'homme qu'elle a aimé.
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Messagepar Macbesse » 26 Juil 2013, 18:46

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Re: [CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loup

Je dévorerai la bureaucratie comme un loup. - V. Maïakovski
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Messagepar Macbesse » 26 Juil 2013, 18:48

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Re: [CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loup



Rapidement, l'ambiance devient suffocante. Les conversations se taisent à l'approche d'Ofumi. Le propriétaire lui fait porter un billet comme quoi il n'autorise pas qu'elle garde à domicile "des chats, des chiens ou d'autres animaux". Les commandes fondent, l'indigence guette.
Un incident décide Ofumi de partir. Alors qu'elle se promène dans les rues avec Guntaro, qu'elle porte, et Naeko, un chien se met à gronder et aboyer. Naeko se retient, mais pas Guntaro et Ofumi est obligé de l'enfouir dans ses vêtements pour le cacher et de supporter en silence ses morsures.

Il est hors de question qu'elle demande l'aide de son père. Elle décide de partir pour le village où a grandi Saionji. Après tout, la battue semble avoir été un événement exceptionnel.

Le voyage est long, plus d'une dizaine de jours. Naeko a tendance à marcher jusqu'à l'épuisement pour montrer qu'elle est une grande fille. Elle découvre la campagne, mais trouve que ce que les gens y font, courbés vers la terre, est nettement moins intéressant que ce que faisait Maman avec les fleurs.
Alors que les rizières le cèdent peu à peu aux prairies et aux bosquets, que la population se fait plus rare, Naeko a l'occasion de chasser pour la première fois. Sa mère veut bien. Elle fait le guet. Naeko finit par attraper un lapin, bondit de joie, court longuement. Elle revient auprès de sa mère sous forme humaine, portant ce lapin au cou brisé. Maman a l'air très contente. Naeko sourit pour la première fois depuis longtemps.

Le voyage se déroule sans incident majeur. Ofumi finit par trouver un paysan un peu mieux habillé que les autres, un certain Jensuke, peut-être le chef du village. Elle explique qu'elle est veuve, fille de l'intendant d'un seigneur, rejetée par sa famille et mère de deux enfants. A-t-elle déjà travaillé ? Ofumi se sent évaluée du regard, mais répond que oui, elle était marchande de fleurs, qu'elle sait tenir un foyer et un commerce. Elle ajoute qu'elle est versée dans l'art des compositions florales. Le paysan lui répond que dans ce village, elle n'aura pas de clients, à part au moment des noces, et qu'elle ne pourra pas subvenir à ses besoins en se contentant de cette activité. Sa place n'est donc pas ici, peut-être dans le bourg voisin, à la rigueur. Elle n'a pas l'air bâtie pour les travaux des champs. Il faut dire que les mains d'Ofumi trahissent la citadine. Elle insiste, il contredit, finit par se rendre compte qu'il ne pourra pas venir à bout de sa détermination et se dit que de toute façon, elle tiendra un mois. Si elle a un peu de bien, il a une maison à louer. Il préfère prévenir, ce n'est pas forcément le luxe auquel est habituée une dame de la ville. Mais le coût sera modique. La maison, très à l'écart, est effectivement en très mauvais état. Le toit est troué, certaines planches vermoulues. Elle est ravie, et Naeko plus encore. Il y a de quoi faire deux parcelles, "mais la terre est mauvaise et les animaux descendent souvent de la montagne, vous aurez du mal à vous faire un potager, et je ne parle même pas de cultures". Il y a tout de même un puits. La margelle est un peu descellée. Naeko fait tomber des cailloux et écoute, fascinée.

Ofumi décide de mettre à profit son expérience de l'artisanat pour apprendre le travail du bois, ce qui lui permettra de réparer sa maison. Elle veut s'insérer dans la communauté villageoise, mais on l'évite. Après tout, c'est la fille d'un seigneur - le raccourci est vite fait. D'autres disent que c'était la maîtresse d'un seigneur et qu'elle a dû fuir la colère de l'épouse avec ses enfants bâtards. Elle entend, à nouveau, les conversations cesser quand elle arrive, puis reprendre. Ses bijoux, son maquillage, ses sourcils épilés matérialisent cette différence avec les femmes de la campagne. Elles craignent que leur mari ne leur fasse des reproches, ou sa concurrence. Cela reste flou mais la distance, elle, est nette.

Elle parvient tout de même à apprendre comment réparer un toit en aidant un de ses voisins. Le premier jour, elle regarde. Le deuxième, elle passe les outils, le troisième, elle se met au travail, lentement, puis de plus en plus vite. [Techniquement, le joueur dépense des points dans cet artisanat et c'est une scène d'augmentation].
Elle va travailler aux champs. Là, elle a davantage de difficultés en dépit de sa bonne volonté, surtout qu'elle doit sans cesse s'interrompre pour aller nourrir Guntaro. Bientôt, on lui dit qu'elle a d'autres talents qu'il serait dommage de ne pas travailler. Elle arrête le travail des champs.

Naeko, qui garde Guntaro, est un peu livrée à elle même. De temps en temps, elle part chasser. Après tout, Maman a dit que c'était bien. Elle va de plus en plus loin, s'attaque à des proies de plus en plus grandes. Son frère ne l'intéresse pas beaucoup et il grandit comme une herbe folle, alors que Naeko avait reçu une éducation relativement stricte. Elle se demande d'ailleurs pourquoi ce frère peut faire tout ce qu'il veut, pourquoi sa mère ne lui a rien expliqué sur leur secret et sent un peu trahie.

Le voisin dont Ofumi a réparé le toit lui donne des semences pour son potager, de quoi faire une petite parcelle. Ofumi demande d'abord des conseils, écoute, applique : bêche, retourne la terre, plante. Ses plantations pourrissent sur pied.

Elle rencontre beaucoup plus de succès sur la maison : elle parvient à réparer le toit de telle sorte que bientôt, la pièce de vie n'a plus besoin de bassines. Voyant que sa fille s'absente et vit de plus en plus sous forme de loup, elle essaye de l'associer à ces tâches. Comme il s'agit surtout d'attendre le moment de lui passer les outils, Naeko s'ennuie. A la première distraction, un oiseau, une proie, elle se transforme et part à sa poursuite. Elle devient de moins en moins prudente, n'attendant plus d'être hors de vue pour se transformer en louve, oubliant de se transformer en humaine au retour. C'est dangereux, car il y a parfois des gens qui viennent les observer, et qui repartent quand ils s'approchent. Parmi eux, un vieil homme au visage sec qui ne dit jamais rien et que Naeko n'aime pas du tout.

Ofumi prend le temps de réexpliquer la nécessité de conserver le secret et de recadrer sa fille. Elles reparlent de son père, et cela suffit pour convaincre Naeko. Ofumi essaye aussi de lui donner des tâches plus intéressantes, comme dessiner, puis écrire des caractères, ce qui, effectivement, l'aide à se recentrer. Naeko apprend à écrire son nom, puis le nom de sa mère et celui de son père. Curieusement, celui de son frère ne passe pas, mais sa mère se dit que c'est le nombre de caractères qui doit jouer.

Le voisin du toit a eu la gentillesse de redonner des semences à Ofumi. Elle commence à travailler son champ quand elle sent un regard sur son épaule : c'est le vieil homme antipathique. Ofumi en a un peu assez d'être observée en silence et lui demande ce qu'il pense de ses plantations. Il répond qu'elle va encore gâcher les semences. Il pourrait peut-être l'aider à ne pas le gâcher, alors. Mais non, il ne l'aidera pas. Par contre, le vieil antipathique n'a de cesse de faire des commentaires, dont elle tient compte. Elle creuse profondément la terre, dégage la couche grise et forme des sillons convenables.

Guntaro, en forme de loup, se met à marcher. Sa soeur regarde sa mère travailler la terre, transpirer, serrer les dents et faire ce que le méchant monsieur lui dit. Elle se demande si elle ne va pas aller lui croquer une poule ou deux mais elle voit que son frère va sortir de la maison sous sa forme de loup. Elle se change en loup elle aussi, grogne, lui donne un petit coup de patte. Il retourne dans la pièce de vie. Il hurle. Elle grogne plus fort. Il arrête, baisse les oreilles.

Ofumi a entendu le cri aigu. Elle se redresse, s'arrête. Le vieux lui demande pourquoi elle s'arrête. Tout s'est calmé, elle reprend son travail et prétexte un mal de dos - le vieux a l'air déçu. Elle va boire un peu d'eau - il fait une nouvelle fois part de sa déception, vérifie que tout va bien, félicite Naeko. Au crépuscule, la parcelle est prête. Le vieil homme viendra demain pour la deuxième. Pourquoi faire ? Il viendra demain pour la deuxième, c'est tout. Ofumi n'a pas d'autres semences. Le vieil homme lui dit de ne pas s'inquiéter pour ça.

Cette journée de travail achevée, Ofumi est à bout de force. Elle doit nourrir les enfants, prépare dans un demi-sommeil un repas à moitié cuit et s'endort avec Guntaro sur elle, et à moitié sur le tatami. Naeko pousse sa mère, mais ne parvient pas à la remettre en place sans la réveiller et sans réveiller Guntaro. Ofumi murmure un merci. Ils se rendorment et Naeko en profite pour faire sa première sortie nocturne.

Elle s'enfonce profondément dans la forêt. Les odeurs, les couleurs, tout lui semble nouveau et différent. Le désir de chasser pour nourrir sa mère, qui ne mange sûrement pas assez de viande, le cède bientôt à l'émerveillement. Elle tombe nez à nez avec un renard, puis suit un lapin jusqu'à un cours d'eau. Là, elle découvre des biches et leurs faons s'abreuvant. Le sol tremble à côté d'elle. Elle se cache dans un fourré. C'est une harde de sangliers qui passe. Une laie imposante regarde longuement dans sa direction et fait entrer les marcassins dans le cercle pour les protéger. Naeko a des difficultés à retrouver le chemin du retour et rentre très tard.

Le lendemain matin, Ofumi découvre des traces de terre. Elle passe le balai et laisse le petit tas bien en vue. Naeko dort profondément. Guntaro, lui, s'est réveillé très tôt. Le vieil vient tôt, lui aussi. Faire cette deuxième parcelle n'est pas beaucoup plus facile car Naeko, aujourd'hui, ne garde pas son frère. Elle est partie chasser pour nourrir sa mère. Alors Ofumi revient de temps s'assurer qu'il va bien et le calmer. La journée achevée, elle est quasiment aussi fatiguée qu'elle l'était la veille au soir, mais satisfaite. Au moins, elle a gagné le respect du vieil homme et elle pourra nourrir ses enfants sans toucher trop à ses économies.
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Macbesse
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Messagepar Macbesse » 26 Juil 2013, 18:49

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Re: [CR] Tenga - Adaptation de Ame et Yuki, les enfants loup



A force de faire répéter à Naeko ses exercices de calligraphie et en observant ses progrès, Ofumi finit par se rendre compte qu'elle fait un blocage sur son petit frère. Elle lui raconte alors qu'elle est aussi sortie du ventre de Maman, elle lui raconte comment elle était quand elle petite, quand elle a commencé à parler, les premiers mots qu'elle a prononcés, tout en faisant des comparaisons avec le petit frère pour lui montrer la similarité de leurs parcours. Naeko est très intéressée. Elle est particulièrement contente quand elle fait dire à sa mère qu'elle pleurait moins ou qu'elle était plus active, mais les efforts portent.
Petit à petit, Naeko commence à jouer avec son frère.

Ofumi passe alors à l'étape suivante. Tout ce qui concerne sa nature de loup, elle ne peut pas le montrer à Guntaro. Seule Naeko, qui a eu l'exemple de son père et a désormais l'expérience, le peut. Naeko prend cette responsabilité très au sérieux - il ne faudrait pas que son frère rompe le secret, et essaye de lui faire travailler les transformations.

Naeko a toutefois des difficultés. Guntaro fait preuve d'une certaine inertie et d'une mauvaise volonté assez peu commune dans les apprentissages.

L'automne et la première récolte arrive. Ofumi fait prévenir le vieil homme peu de temps avant, sur sa demande. Elle lui porte une belle corbeille et les villageois qui la voient passer sont surpris. Elle apprend incidemment que des sangliers ont ravagé les potagers. On lui propose des échanges. Elle tient marché et commence à s'intégrer dans la vie du village. Les femmes, enfin, lui parlent. Elle entre de plain-pied dans cette économie de troc : denrées, services, conseils. Des gens viennent enfin à la maison et Naeko peut se mêler à ses semblables. Ce n'est pas le cas de Guntaro, qui préfère rester à l'écart, voire hors de vue.

Le premier hiver se passe sans incident. Guntaro commence à parler, mais il est toujours d'aussi mauvaise volonté. Ofumi décide qu'il doit demander précisément ce qu'il veut pour l'avoir, maintenant qu'il parle, afin de le forcer à faire un effort de volonté. C'est un succès partiel. Guntaro a toujours l'air aussi absent et apathique quand on édicte des règles ou qu'on le reprend. Naeko est inquiète.

Ofumi fait une expérience : elle met à chauffer de la cire pour la tablette d'écriture et lui demande de la surveiller. Elle revient quand elle estime que la cire est plus que fondue, se disant qu'elle va trouver Guntaro baillant aux corneilles. Ce n'est pas le cas, il a répandu la cire chaude sur la tablette - et au-delà. Il essaie de tracer des choses avec un stylet mais la cire est encore chaude et s'accumule. Ofumi le gronde. Il dit qu'il ne prendra plus le stylet. Naeko a envie de le griffer.

Quelques jours plus tard, la famille part en promenade dans la montagne. Naeko montre beaucoup d'endroits à sa mère, qui est partagée entre la fierté et l'inquiétude. En début d'après-midi, Guntaro vomit et ils sont immobilisés. Ofumi se dit qu'il a voulu attirer l'attention sur lui pour la détourner de sa soeur.

Guntaro se transforme de plus en plus rarement en loup. Interrogé, il dit que les hommes n'aiment pas les loups. Devant la surprise conjointe de sa mère et de sa soeur, il dit qu'il écoute les gens qui parlent, et qu'ils ont parlé des loups, et qu'il ne veut pas être un loup.
Ofumi le met au dessin. Il dessine tantôt des bonhommes, tantôt des loups.

C'est l'été. Naeko, qui a abandonné l'espoir de faire de son frère un compagnon de chasse, le voit partir à l'aventure. Il descend. Il va vers le village. Elle le suit. Ils arrivent près d'une ferme. Guntaro croise le chemin d'un chat. Naeko le connaît, il est peu agressif mais pas très gros, et relativement facile à impressionner. Guntaro grogne un peu, le chat siffle. Guntaro prend peur, tente un coup de patte, reçoit un grand coup de griffe au visage et prend la fuite.

Il revient en forme humaine, le visage ensanglanté à la maison. Naeko arrive à sa suite, un air de froid mépris sur le visage, mais laisse parler son frère, qui appelle sa mère, mais ne lui dit rien. Ofumi insiste, le fait raconter. Il regarde par terre, finit par faire un récit lacunaire. Naeko décide de secouer son frère et intervient. Ce chat n'était même pas gros, et puis c'est notre territoire. Ofumi tique un peu, rappelle ce qu'elle a dit sur l'échange. Naeko dit que c'est valable chez les hommes, mais que plus les loups grossissent, plus leur territoire est grand. Le chat est là parce qu'on le tolère, c'est tout, et Guntaro ne doit pas s'en laisser compter comme ça. Il doit montrer au chat qu'il est plus fort. D'ailleurs, elle va lui montrer comment on fait.

Ofumi a été peu dépassée par l'événement et Naeko a pris les choses en main. Elle emmène son frère chasser, le malmène de plus en plus pour le faire réagir, jusqu'à le blesser légèrement. Il ne veut plus aller avec elle à la chasse.

Ofumi en profite pour reprendre la main, le met à diverses activités humaines, notamment à l'écriture. Comme il n'a aucune envie de retourner en forêt avec sa soeur, il s'applique et apprend vite. Ofumi se dit qu'elle aura peut-être une louve et un homme pour enfants. Pourtant, c'est bien Naeko qui se mêle, toujours, facilement aux hommes, alors que Guntaro rejette leur compagnie.

Une autre année passe. Naeko a maintenant sept ans, Guntaro en a quatre.
C'est l'hiver. Il a beaucoup neigé mais les promenades sont encore possibles. Naeko a encore des endroits à montrer à sa mère. Elle connaît torrent qui a partiellement gelé et forme une cascade de glace et les y amène. Ofumi essaye d'intéresser Guntaro, fait une gravure sur cette surface lisse, mais il regarde ailleurs, fixement. Il regarde la montagne, non pas les forêts qui la bordent, mais bien le pic, blanc et majestueux. Ofumi ressent une peur intense pour lui. Elle était préparée à ce que ses enfants ressentent l'appel de la nature,mais pas celui des cimes.

Naeko aperçoit alors un tétras. Elle retire ses vêtements, les confie à sa mère et se change en loup. Aussitôt, mais sans se déshabiller, Guntaro se transforme et la suit, puis vient à sa hauteur. Naeko est heureuse. Pour la première fois, son frère fait quelque-chose avec elle. Elle lui demande de rabattre le tétras vers elle, comme il l'air rapide. Il s'exécute. Le tétras est bientôt dans la gueule de Naeko, le cou proprement brisé. Guntaro n'est pas revenu vers elle. Elle le flaire, s'avance, le voit dévaler la pente vers le lit du torrent, repère la proie qu'il vise, un oiseau de bonne taille qu'elle n'identifie pas à cette distance. Elle se rapproche lentement, le voit avec satisfaction se mettre face au vent, puis en position d'affût. Elle le voit saisir l'oiseau dans ses pattes, lui briser le cou. Le vêtement se prend dans une racine, Guntaro dévie, chute dans le torrent glacé. Naeko le voit, elle revoit son père couler dans les eaux brunes du canal et sa mère se débattre, le tirer de toutes ses forces. Elle aboie, court à perdre haleine vers le ruisseau, plonge sans hésiter. Ofumi a entendu l'aboiement, elle comprend que quelque-chose se passe, court à son tour dans la neige. Naeko, sous l'eau, attrape dans sa gueule le bras de son frère, qui a repris forme humaine. Elle nage, parvient à le hisser, remonte, s'ébroue, se colle contre lui.
Ofumi arrive. Son fils est bleu, inerte. Sa fille est contre lui. Elle se colle contre eux, les réchauffe du mieux qu'elle peut, demande ce qui s'est passé, essaye de le faire parler pour le maintenir en vie.
A sa grande surprise, Guntaro lui répond : "La montagne Maman, la montagne me l'a dit". Mais qu'est-ce qu'elle lui a dit ? Alors, il lui raconte comment il a attrapé la perdrix, comment il s'est mis face au vent, comment il s'est mis à l'affût, a sauté sur elle et lui a brisé le cou.
Et Ofumi lui dit combien elle est fière de lui. Il s'endort. Elle le porte, et c'est au tour de Naeko d'être félicitée, pour sa bravoure et son amour.



Après cette scène - il était 23h40, d'un commun accord, la tablée décide que Naeko et Guntaro, après une expédition dans la montagne, se sont trouvés, mais qu'ils prennent des chemins légèrement différents. Guntaro s'éloigne de plus en plus du village et finit par s'installer dans la montagne où il vit en loup. L'ascension de la montagne a certes émerveillé Naeko, mais elle préfère continuer à vivre avec sa mère et parmi les hommes, sans pour autant abandonner la part du loup : elle chasse et rend régulièrement visite à son frère. Elle reste entre les deux mondes, comme son père, mi-femme, mi-louve, ne choisissant pas clairement l'un et comptant sur le contrôle d'elle-même pour ne pas céder à l'un ou l'autre.

D'une certaine manière, à l'issue de la partie, le devenir de Naeko est encore ouvert : pourra-t-elle continuer dans cette voie médiane ? Aura-t-elle à choisir ?

Le meneur regrette un instant de ne pas avoir eu le temps de mettre à l'épreuve ces choix par des amitiés ou des amours humaines et de ne pas avoir eu le temps de donner l'occasion à Ofumi de refaire sa vie, mais ce n'est pas grave. L'épilogue est bien ainsi.

Un prix spécial d'interprétation est décerné au célibataire sans enfant qui interprétait Ofumi. Entouré par deux pères de petites filles, il a "réussi à camper un mère-courage très convaincante". C'était très nouveau, répond-il, et il n'a aucune expérience de l'éducation des enfants. Il dit en riant qu'il n'a pas dû vraiment gérer. "Mais si ! Tu t'en es très bien sorti ; tu as fait des erreurs, bien sûr, mais tous les parents en font". Il est un peu taquiné, car il ne voulait pas jouer ce scénario, au début de la partie, alors qu'il est finalement très content du résultat.

Les joueurs s'en vont, le MJ, épuisé moralement et physiquement, part s'écrouler sur son lit, tel Ofumi ayant rendu fertiles les terres ingrates (enfants-loups... joueurs-loups ?).
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Messagepar Macbesse » 26 Juil 2013, 18:49

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