Hellywood est le genre de jeu pour lequel il m’est impossible de mener en faisant à mes joueurs un simple résumé de l’univers. La raison est simple : les personnages ont grandi dans la ville où se dérouleront toutes les aventures et ils sont censés en connaître plus que monsieur tout le monde sur certains aspects underground (contacts, rivalités, rumeurs…). Le problème c’est qu’avec un résumé de l’univers, même bien fait, le joueur sera un peu perdu en incarnant son personnage, à l’instar d’un touriste qui débarque dans une ville où il n’a jamais mis les pieds.
Du coup, j’ai beaucoup apprécié le découpage du livre de base. J’ai photocopié les pages 2 à 41 (un excellent survol de l’histoire et de la ville et des environs) et les pages 193 à 195 (pour l’ambiance du Noir), en relisant le tout pour masquer les rares paragraphes que je voulais garder pour moi. Un exemplaire fut donné à chaque joueur donné plusieurs jours avant la création des personnages.
Puis je me suis photocopié les premières pages de chaque quartier : 42, 43, 54, 55, 60, 61, 64, 65, 66, 69,72, 75, 84, 85, 87, 91, 92, 96, 97, 116, 117, 119, 120, 121, 124, 125. Et j’ai surligné en noir les lignes que je ne voulais pas révéler. Et à chaque fois qu’un joueur me demandait des précisions sur un quartier, je commençais par leur lire la page correspondant.
Ca leur a permis aux joueurs de mieux s’imprégner de l’atmosphère de la ville et, pour refléter le fait qu’ils connaissent bien la ville et certains aspects underground, je leur ai donné une grande liberté d’improvisation (« j’ai entendu parler de tel type qui pourrait peut-être savoir… », « je vais aller dans tel bar latino où je pense qu’il pourrait traîner… ») sans compter l’excellente règle des flashbacks qui permet de s’approprier la ville et ses habitants (« j’ai déjà eu affaire à ce flic de la crim, il sait que je suis réglo et je pense qu’il m’en dira plus si je fais gagnant-gagnant avec lui en lui révélant ce qu’on sait », « le comptable inapprochable est l’oncle du beau-frère de ma sœur, je vais aller la voir pour lui demander si ‘y aurait pas moyen de le rencontrer inopinément lors d’un dîner en famille »).
Alors je sais, certains crieront au sacrilège. On ne photocopie pas un livre, ça l’abime ! Et bien pas du tout, il suffit de faire attention et d’y aller doucement. Je n’ai jamais abimé un livre en faisant ça. Et puis, si vous abimer votre livre, oh mon dieu, un livre de jdr c’est fait pour jouer, pas pour faire joli sur une étagère. Le pages ne vont pas s’arracher (pas des livres John Doe du moins). Alors entre « une ambiance super sympa et des parties excellentes parce que tous les joueurs sont bien imprégnés du monde » ou bien « un joli livre sur une étagère et des parties un peu gâchées parce que les joueurs sont un peu pommés et quelques peu bloqués » ben y a pas photo(copie)
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Après c'est sûr qu'un livre du joueur c'est mieux mais qui le fait ?
- Soit John Doe avec des copier/coller du livre de base. Et là on dira que c'est honteux de payer tant d'euros pour des copier/coller et ça ne sera certainement pas rentable. Ou le faire gratuit mais là encore se pose la question de la disponibilité des auteurs et de l'envie de voir leur œuvre être dilapidées par petits bouts.
- Soit des (un) fans qui vont y passer un temps monstrueux en pompant le travail des auteurs, même si c'est pour l'intérêt du jeu et de la communauté des joueurs.
Dans les deux cas, ça prendra combien de temps ? Le livre de base est sorti en mai 2008, on est en janvier 2010. On voit bien que si un livre des joueurs avait dû voir le jour (par John Doe ou des fans) cela serait déjà fait. Ca m'a appris même pas une semaine (loin d'être à temps complet) pour remédier à ça... Malheureusement c'est à mon avis la solution la plus réaliste.