Ayo,
Je recrée le sujet afin qu'il ne soit réserver qu'aux indigènes væreliens (les murokaïs), car il risque d'être un peu long et ne pas tenir dans un seul message. J'ai modifie le nom du sujet initial, afin de le consacrer à la nouvelle de Kinder-Bueno relative à "Where did Wattanani go and did ?"
(Re)voici le premier article (mis à jour) consacré au continent décrit dans "Vengeance!" : Væriel.
D'autres articles suivront, mais les Murokaïs, puisque c'est d'eux dont il s'agit ici, sont les premiers habitants du continent que devraient rencontrer les personnages joueurs. A l'exception des væreliens croisés sur le navire qui a transporté nos fringants fusionnés, après leur départ de Sulustan (cf. CdTF (Chronique des Trois Frères) ER (Etoile Rouge) chap.1).
Cet article s'inspire très largement de celui de Sverker que j'avais déjà complété (là mais c'est curieux, j'aurai juré qu'il était sur CBVMDC). Mais ici, le but est de présenter le passé et l'origine des Murokaïs et non plus "seulement" leur magie symbiotique. Donc je ne reviendrai pas sur la magie déjà décrite par ailleurs. Par contre (quand j'aurai un peu avancé) je décrirai la magie des Manzazuus. Ces shamans-gardiens des Murokaïs.
Point important, je ne reviens (quasiment) pas sur l'Histoire telle qu'elle est présentée dans les Voiles du Destin ou l'article de Twinky (ici). L'Histoire des Murokaïs - à la fois l'histoire connue et l'histoire oubliée - complète la frise historique générale des væreliens. Il est donc indispensable de bien la connaitre pour appréhender l'histoire des Murokaïs.
L'autre prérequis est de connaitre l'origine des Armes-Dieux ...
Enfin, j'attire l'attention sur le fait que seuls les paragraphes consacrés à l'histoire connue pourront être révélés aux PJ curieux. La véritable Histoire, quant à elle, ne devra pas être abordée avant le chapitre 8, 9 voire 10 de la campagne Etoile Rouge (j'hésite encore).
Mais trêve de digressions...
Le "Grand Reptile" leurs dit alors :
« Mon temps est compté et ma vie ici arrive à son terme. Je vais partir pour un autre monde car je n’ai plus ma place dans celui-ci. Cependant, je ne vous abandonnerai pas. Je continuerai à être présent si vous ne m’oubliez pas.
Protégez la Forêt et ceux qui y vivent de ceux qui veulent la détruire. Les membres de ma famille, les reptiles, seront vos alliés dans cette tâche, si vous continuez à vivre en bonne entente.
Soyez en paix avec la Forêt et avec vous-même, alors peut-être que je vous entendrais, que mes frères vous entendront et qu’ils vous prêteront leurs forces et leurs capacités, comme ils l’ont fait par le passé ».
Ogdra-Jahud
Préambule
C’est par le terme indigène que les stilfari’n ont toujours désigné les habitants du continent. Donc « indigènes », ils le sont, mais l’utilisation de ce mot a surtout une connotation péjorative pour les Væréliens qui dominent le continent aujourd’hui.
Les « indigènes » se nomment eux-mêmes Murokaïs. Et c’est de ce peuple dont traite ce chapitre, au travers du prisme de leur magie. Magie qui est étroitement liée à l’histoire des Murokaïs, même si ces derniers ont tout oublié de leurs glorieuses origines.
Origines
Histoire connue
C’est lorsque les ténèbres recouvrirent le monde que l’Esprit-Saurien Ogdra-Jahud, vénéré par les Murokaïs, vint parmi eux pour les guider vers des terres plus chaudes. Ce long exode, qui demeure dans les souvenirs des Murokaïs comme la longue marche vers le salut, se fit en compagnie des lézards qui peuplent aujourd’hui leur terre. Ogdra-Jahud menait les reptiles tel un berger son troupeau. Bien qu’il affectionne sa forme reptile dotée d’immenses ailes capables d’assombrir le ciel, il pouvait aussi prendre une forme humaine. Les plus mystiques des Murokaïs prétendent qu’il ne s’agit que de la première étape du voyage qui les ramènera un jour vers la terre paradisiaque que leurs ancêtres avaient quitté.
Pendant des siècles, Ogdra-Jahud protégea les Hommes (les Murokaïs) et leurs frères lézards. Ils vivaient tous en parfaite harmonie les uns parmi les autres, sous la tutelle bienfaitrice de leur maitre à tous. Toutefois, vint un jour où Ogdra-Jahud sentit venir un grand changement. Et comme son grand âge et son immense sagesse lui avaient permis d’apprendre à lire dans le futur, Ogdra-Jahud annonça aux Murokaïs que le changement annoncé impliquait sa propre disparition. Cette révélation causa le plus grand trouble au sein des tribus. Mais leur Esprit-Saurien les rassura : avant son départ, il enseignerait à la plupart de ceux de son peuple l’art d’apprivoiser et à vivre en bonne intelligence avec les sauriens (et par la même occasion avec tous les animaux de la forêt). Sa disparition ne marquerait donc pas la fin, mais au contraire le début d’une plus grande harmonie entre les lézards et les Hommes. Et le temps passa.
Et un jour, Ogdra-Jahud disparu. Mais nulle peur ne jaillit du cœur des Hommes car ils savaient que désormais leur guide et mentor serait à jamais avec eux, tant qu’ils l’honoreraient et qu’ils honoreraient les lézards. Peu de temps après, les plus fervents croyant purent constater qu’une partie des pouvoirs d’Ogdra-Jahud était en eux.
C’est depuis cette lointaine époque que les Murokaïs les plus ardents et passionnés acquièrent les capacités des lézards. Les légendes prétendent que les plus mystiques peuvent à l’instar d’Ogdra-Jahud devenir des reptiles…
Par la suite tous les Murokaïs apprirent les gestes et les cérémonies permettant d’entrer en communion avec la Nature. Se faisant, chacun se « branche » sur les vestiges de conscience d'Ogdra-Jahud et peut ainsi bénéficier de ses pouvoirs.
Les Murokaïs ne l’ont jamais oublié et perpétuent certaines traditions comme le fait de nourrir les dinosaures, de ne pas tuer de sauriens ou de vivre en harmonie avec la Nature.
Au cycle précédent, les tribus indigènes peuplaient l’ensemble du continent Værelien au moment ou une boule de flamme, le navire stellaire de ceux qui allaient devenir les Stilfari’n, s’écrasait avec violence sur leur terre ancestrale.
L’évènement (la catastrophe), d’une violence inouïe, laissa une trace indélébile dans la mémoire collective des indigènes, et nombreuses sont les représentations picturales d’une traînée de feu dans le ciel qu’il est encore possible de retrouver dans certaines grottes ou temples abandonnés.
Malheureusement, ces illustrations peuvent aisément être amalgamées avec celles décrivant les évènements célestes qui accompagnèrent la Guerre des Pères sur Tanæphis, occultant ainsi un pan majeur de l’histoire oubliée de Væriel.
Ogdra-Jahud avait disparu, mais son esprit était toujours présent en chacun des Murokaïs. Et certains d’entre eux guidés par l’essence de l’Esprit-Saurien devinrent à leur tour des guides ou des sources de fierté pour le peuple élu. Parmi ces héros, quelques noms ont traversé l’histoire :
Djoro M'Bale, est un contemporain et ami d'Ogdra-Jahud. Il est né à la fin de l'exode, au coeur de l'hiver avec, lui aussi des capacités étranges. Sa particularité la plus visible était d'être né avec la peau blanche. Il n'était pas albinos, mais avait simplement la peau aussi blanche que la neige, avec tous les traits d'un murokaï. Mis à part une volonté et une force très supérieures à ces congénères, ce monstre - puisque c'en était un - ne disposait d'aucune modification particulière. Par contre, à l'instar de tout monstre qui se respecte, il était immortel. Son extrême longévité, passée aux côtés d'Ogdra-Jahud, lui permit de développer une maîtrise de la magie symbiotique à un niveau jamais atteint par aucun autre murokaï depuis. Sa maîtrise fut fondamentale pour la survie des murokaïs et encore plus pour celle des reptiles qui les accompagnaient.
C’est en partie grâce à lui que les reptiles passèrent l’hiver. Tout comme Ogdra-Jahud, il pouvait rendre fertile les plantes, mais surtout, il était capable d’améliorer la fécondité des reptiles. Ces derniers auraient du s’éteindre mais en les rendant plus féconds il permit à la plupart des espèces de ne pas disparaitre. Les murokaïs pouvaient alors leur prodiguer soins et nourriture tout en vivant aux cotés des lézards grâce au Tâärum.
Djoro M’Bale vécut encore longtemps après la disparition d’Ogdra-Jahud. Comme ce dernier et nombre de murokaïs à cette époque, il fut finalement capturé par les væréliens. Nul ne sut jamais ce qu’il devint…
Houng’Ta, était une jeune mère volontaire, charismatique et possédait une grande intelligence émotionnelle. Au début du printemps de raz, des explosions frappèrent la surface des astres lunaires et une immense trainée de flammes transperça le ciel… Dans les jours qui suivirent, sur Væriel, dans chaque tribu, Les Murokaïs s’interrogèrent sur ce qu’ils étaient devenus : des hommes et des femmes soumis au diktat d’un peuple arrogant, impitoyable qui les traitaient comme du bétail. Or ces événements astronomiques faisaient écho à des légendes depuis longtemps oubliées. Des légendes se rapportant à une grandeur perdue, des souvenirs de tribus immenses et autonomes, contrôlant un monde riche et vaste. Inconsciemment, mais collectivement, les Murokaïs décidèrent que le temps était venu de mettre un terme à leur passivité.
C’est à ce moment qu’intervint Houng’Ta. Elle fut certainement une des premières à prendre conscience qu’un changement était inéluctable. Mais elle craignait que son peuple ne se lance dans une confrontation armée avec les maîtres du continent. Aussi, Houng’Ta quitta sa famille, passant de tribu en tribu pour convaincre les chefs. Elle espérait unir les tribus pour qu’une seule voix s’oppose aux væreliens. Mais elle échoua. Les chefs lui accordèrent seulement la possibilité de se rendre auprès des væreliens afin de parlementer. Et ce, le temps que les tribus les plus belliqueuses se préparent à la guerre. Houng’Ta se rendit dans la capitale værelienne pour défendre les Murokaïs. Les Stilfari’n écoutèrent ses arguments visant à mettre un terme aux exactions et à l’esclavage. Ils sourirent lorsqu’Houng’Ta parla d’égalité, de respect et de partage des richesses. Puis, avec le mépris qui les caractérise, les Stilfari’n l’emprisonnèrent. Ils l’humilièrent ensuite durant des mois. Malgré la captivité, les expériences et les souffrances subit, Houng’Ta essaya de convaincre ses tortionnaires. Hélas sans succès. Lorsqu’au bord du désespoir, Houng’Ta se rebella, les Stilfari’n lui appliquèrent simplement le transfert total. Peu après, le conflit qui oppose encore les væréliens débuta.
Aujourd’hui encore, un petit village Murokaï porte son nom en souvenir de son sacrifice. Toutefois, ce village abrite une tribu un peu particulière…
N’Loboudé
fut le premier Manzazzu, ces Shamans et Gardiens capables d’interagir avec les esprits des morts. En des temps lointains (autour de 5 ou 6 000 de ce cycle) un homme, un métis de Murokaï et de værelien avec un étrange accent, se présenta un jour dans un des villages de l’est des terres intérieures. Il prétendait venir d’au-delà des montagnes du bout du monde. Cet homme, dont l’histoire n’a pas retenu le nom, prétendait être venu enseigner aux murokaïs l’art de parler et de contrôler les morts ou leurs esprits. Il prédisait qu’un jour les morts se relèveraient et viendraient en très grand nombre. Les Manzazzus seraient alors chargés de parler aux morts pour que ceux-ci épargnent les murokaïs. Des années plus tard, quelques morts-vivants, venus d’on ne sait où, attaquèrent le village de N’Loboudé. Mais grâce à ses connaissances, ce dernier pu les convaincre de repartir d’où ils venaient. Le métis, satisfait de la maîtrise de N’Loboudé, quitta le village. On ne le revit jamais. Sur ses conseils, N’Loboudé, se mit en route pour d’autres villages afin de former les premières générations de Gardiens, les Manzazuus.
Lorsque plusieurs dizaines de siècles plus tard, des hordes de non-vivants déferlèrent dans les jungles en directions des cités des démons blancs, ce sont les Manzazzus qui surent leurs « parler » pour qu’ils ne dévorent pas les murokaïs qu’ils rencontraient sur leur chemin.
Encore aujourd’hui, les Manzazzus craignent le retour des non-vivants et veillent à transmettre leur savoir.
Makubwa mawili
Cette fois, il ne s’agit pas du nom d’un héro. C’est ainsi que la tradition orale murokaï a conservé le souvenir du passage de deux géants : un homme et une femme. Ils ressemblaient à des murokaïs mais mesuraient pratiquement deux fois la taille d’un homme (plus de 3 m). C’est d’ailleurs moins leur aspect et leurs actions qui marquèrent l’imaginaire populaire que leur histoire confuse et leur fin tragique. Un frère et sa sœur (car ils étaient de la même famille) arrivèrent un jour d’au-delà les montagnes du bout du monde. Au début, ils vinrent en aide aux murokaïs, dans leur lutte contre les stilfari’n. Mais Makubwa mawili (les deux géants) finirent par s’opposer l’un à l’autre et Dada (la sœur) tua Ndugu (le frère). Elle-même disparut peu après sans laisser de trace.
Makubwa mawili est devenu depuis l’expression murokaï désignant une relation conflictuelle virant au drame entre deux membres d’une même famille et, par extension, entre deux amis, voire deux clans, proches l’un de l’autre. Les personnages pourront découvrir cette expression, et l’histoire associée, au cours du chapitre 2 d’Etoile Rouge, lorsque les deux chefs, Ouko et Solbo, s’opposeront sur la conduite à tenir face à une agression stilfari’n.
Quant aux deux géants, nul ne sut jamais d’où ils venaient, ni pourquoi ils vinrent en aide aux murokaïs. Néanmoins, dans le nord-ouest des jungles, là où auraient séjourné ces géants, on les appelle aussi watoto baba iliyopita (les enfants du dernier des Pères). Mais les légendes ont été oubliées car à cette époque, au moment de leur disparition, des événements plus graves marquèrent les esprits : des hordes de non-vivants submergeaient la forêt… C’était l’année 6702 du calendrier stilfari.
Le coureur des ombres, sDjoro M'Bale, est un contemporain et ami d'Ogdra-Jahud. Il est né à la fin de l'exode, au coeur de l'hiver avec, lui aussi des capacités étranges. Sa particularité la plus visible était d'être né avec la peau blanche. Il n'était pas albinos, mais avait simplement la peau aussi blanche que la neige, avec tous les traits d'un murokaï. Mis à part une volonté et une force très supérieures à ces congénères, ce monstre - puisque c'en était un - ne disposait d'aucune modification particulière. Par contre, à l'instar de tout monstre qui se respecte, il était immortel. Son extrême longévité, passée aux côtés d'Ogdra-Jahud, lui permit de développer une maîtrise de la magie symbiotique à un niveau jamais atteint par aucun autre murokaï depuis. Sa maîtrise fut fondamentale pour la survie des murokaïs et encore plus pour celle des reptiles qui les accompagnaient.
C’est en partie grâce à lui que les reptiles passèrent l’hiver. Tout comme Ogdra-Jahud, il pouvait rendre fertile les plantes, mais surtout, il était capable d’améliorer la fécondité des reptiles. Ces derniers auraient du s’éteindre mais en les rendant plus féconds il permit à la plupart des espèces de ne pas disparaitre. Les murokaïs pouvaient alors leur prodiguer soins et nourriture tout en vivant aux cotés des lézards grâce au Tâärum.
Djoro M’Bale vécut encore longtemps après la disparition d’Ogdra-Jahud. Comme ce dernier et nombre de murokaïs à cette époque, il fut finalement capturé par les væréliens. Nul ne sut jamais ce qu’il devint…
La suite est vraiment réservée aux meneurs...
Histoire oubliée
L’histoire qui suit sera révélée aux personnages au cours du chapitre 8 d’Etoile Rouge : les Désolations.
S’il y a effectivement une entité reptile à la base des croyances Murokaïs, celle-ci n’a rien d'une divinité. Mais commençons par le début…
Les Murokaïs sont les natifs de Væriel. Très proches physiquement des Gadhars de Tanæphis, ils descendent en réalité d’ancêtres communs (cf. C&L).
L’origine des Murokaïs remonte au cycle de raz précédent. Le continent était partagé entre quatre nations : les quatre royaumes combattants. Ces royaumes avaient globalement le même niveau de développement. Leur niveau technologique général était largement supérieur à celui de Tanæphis aujourd’hui. Par contre, leur armement en comparaison était assez peu évolué. Il n’y avait pas eu de révolution industrielle, mais une évolution plutôt linéaire entrecoupée de palier sans évolution majeure. Et les quatre royaumes n’avaient pas bénéficié d’apport ni d’échange avec d’autres cultures sur d’autres continents.
Toutes ces nations se livraient des guerres sporadiques mais régulières. Tous les prétextes étaient bons pour déclencher des escarmouches frontalières : tensions diplomatiques, guerres économiques, volontés expansionnistes. Il était rare qu’une à deux décennies s’écoulent sans qu’un conflit n’éclate entre l’un ou l’autre royaume. Habituellement les éléments les plus vindicatifs étaient contrôlés et un cessez-le-feu intervenait après quelques mois (voire années) d’affrontement. Mais à la veille de la grande catastrophe qui transforma à jamais le continent, la nature des relations entre les Murokaïs venait de changer en profondeur.
Le plus grand royaume, le plus belliqueux et le plus puissant avait décidé d’en finir avec ses adversaires. Il se situait à l’ouest dans l’actuelle steppe des lumières. Il avait signé un accord de paix (plutôt un pacte de non agression) avec le royaume du nord du continent værelien. Ce dernier était le plus petit royaume, situé dans les actuelles plaines pourpres, et était aussi de loin le plus sage (le moins belliqueux). Mais avant que la conquête du continent ne puisse être lancée par les Murokaïs de l’ouest, leur royaume fut quasiment anéanti par la chute d’un corps céleste. Les væreliens tels que nous les connaissons aujourd’hui venaient « d’arriver » sur le continent.
Passé l’effroi provoqué par l’arrivée de ce monstre de flammes tombé du ciel et la retombée des poussières soulevées par l’impact, l’arrivée des milliers de réfugiés Murokaïs, fuyant les alentours de la zone d’impact, électrisa les nations Murokaïs. Une forme de folie destructrice s’empara des royaumes survivants, notamment du sud et de l’est. Cette folie plongeât les trois quarts du continent, épargné par le désastre, dans un conflit sans précédent. Cette guerre continentale permis aux futurs væreliens de quitter leur vaisseau, puis l’intérieur du cratère sans s’exposer aux autochtones.
Lorsque les royaumes Murokaïs prirent conscience de leur présence, cela faisait plusieurs années que les étrangers tombés du ciel s’étaient installés au nord du cratère.
Quoi qu’il en soit, les Murokaïs eurent de premiers contacts pacifiques avec le peuple étranger. Et pour cause, dans leur imaginaire, les étrangers à la peau pale ne pouvaient être que des représentants de ceux qui avaient anéanti la plus grande nation Murokaïs en quelques minutes. Le statut des naufragés de l’espace était alors comparable à celui des conquistadores débarquant en Amérique latine. Toutefois, ce statut d’être divin (ou plutôt d’être supérieur) ne dura pas…
Après avoir longuement étudié le continent, sa faune et sa flore extraordinaire, notamment leurs interactions avec le fluide (ou l’inverse) ; après avoir commercé avec les Murokaïs (afin de mieux les observer), les voyageurs stellaires (que nous appellerons væreliens par commodité) décidèrent de les utiliser comme cobayes dans leurs expériences. Dans un premier temps avec leur accord, puis très rapidement de façon autoritaire.
C’est à l’occasion du conflit qui s’ensuivit, entre Murokaïs et væreliens, que ces derniers firent pour la première fois usage de bombes au fluide. Ces armes avaient la plupart du temps des effets aléatoires, les væreliens n’ayant pas encore le niveau de maîtrise qui est le leur aujourd’hui. Mais cela suffit à affaiblir des Murokaïs beaucoup plus nombreux, mais toujours divisés.
C’est en ces temps troublés, dans la région connue aujourd’hui sous le nom des champs d’Eden, que naquit Ogdra-Jahud.
Il s’agissait d’un humain possédant les pupilles d’un reptile et une peau écailleuse. Né dans une poche de magie glauque – une partie de sa ville natale avait été détruite dans une explosion de fluide – Ogdra-Jahud était donc aussi ce qu’on appelle un monstre. Et ses vrais pouvoirs n’étaient pas visibles. Doté d’une mémoire et d’une volonté hors du commun, il avait surtout trois talents uniques :
- une grande affinité avec les reptiles (communication et contrôle),
- une capacité naturelle à ressentir et à accéder au fluide,
- la capacité de projeter son esprit dans la dimension astrale.
Bien que toléré par les habitants des restes de la ville qui le vit naître, Ogdra-Jahud quitte très tôt ses proches. Son objectif n’était pas tant de se mettre à l’abri de la réserve, voire la méfiance, de sa famille et de ses proches, que de satisfaire sa curiosité et sa soif d’apprendre. Apprendre et contrôler les voix qui résonnaient dans sa tête lorsqu’il était proche de reptiles ; comprendre ce que lui seul, grâce à des sens uniques, pouvait percevoir : le fluide.
Les années puis les décennies passèrent, durant lesquelles Ogdra-Jahud évita la compagnie de ses pairs. Mais paradoxalement, il souffrait d’un manque d’amour, de reconnaissance et finalement de solitude. Malgré cela, il choisit d'observer (étudier ?) les nouveaux maîtres de son peuple. Les væreliens blancs avaient imposé une paix relative aux peuples væréliens noirs. La patience d'Ogdra-Jahud et son engagement furent récompensés quand il découvrit que les stilfari’n se repliaient vers le cirque de montagnes du sud ouest du continent pour ne pas disparaitre. Et toujours, au fil du temps (Ogdra-Jahud ne vieillissait pas), les murokaïs l'acceptait malgré sa différence, le protégeaient de l'intérêt malsain que lui portaient les scientifiques (les stilfari’n). C’est en grande partie parce qu'il commençait à être reconnu par les siens que, longtemps après la catastrophe, et à l’approche de l’hiver de Raz, Ogdra-Jahud chercha une alternative à l’inéluctable fin des Murokaïs. Pour lui, il n’y avait qu’une seule solution : l'exode des hommes et des reptiles. Son engagement et sa conviction dans la réussite de son projet lui permettront accessoirement de mettre un terme à sa relative solitude, dans laquelle son immortalité menaçait toujours de le faire basculer.
Les Stilfari'n et leur peuple avaient abandonné la plupart des cités murokaïs qu’ils avaient soumises. Mais l'unification précaire imposée par les væreliens aurait volé en éclats si Ogdra-Jahud n'était parvenu à convaincre les leaders de ne pas sombrer dans leurs anciennes querelles. A défaut d'une grande nation, les trois royaumes et nombre de factions indépendantes – nées de la décolonisation – parvinrent à établir une paix précaire mais durable. Ogdra-Jahud se retrouve alors très vite dans le rôle de juge, arbitrant les nombreux conflits, atténuant les tensions. Sa tache fut néanmoins grandement facilitée par le changement de climat. Les murokaïs purent constater par eux mêmes la réalité des prédictions alarmistes d'Ogdra-Jahud. Et, à l'instar des Stilfari'n, ils comprirent que la glace submergerait leurs terres et détruirait toute vie sur leur continent. Face à cette catastrophe inéluctable, les murokaïs voulurent mettre en commun leurs connaissances pour essayer de survivre à l'hiver. La défiance étant la règle (entretenue par les stilfari’n), les anciens royaumes et les nations indépendantes n’ayant aucune confiance les unes envers les autres. C'est donc naturellement qu'Ogdra-Jahud devint un médiateur et une sorte de leader spirituel, à défaut d'un chef politique. Son projet d’exode était complètement fou, mais il parvint à vaincre les réticences de nombre de murokaïs. Il s’agissait des moins nantis, ceux qui avaient le plus soufferts des conflits, ceux qui ne croyaient plus aux promesses des castes dirigeantes. D'autres furent convaincus par sa promesse d'enseigner à tous l'art de vivre une harmonie encore plus étroite avec la nature. C'était déjà le mode de vie des Murokaïs, mais Ogdra-Jahud y ajoutait des capacités d’interaction, avec les reptiles ou la nature, inconnues à l'époque : le Täârum (la magie symbiotique). Enfin les derniers, les plus nombreux ne voulaient pas croire à leur future extinction. Pour eux, les démons blancs étaient responsables des changements climatiques et les éliminer résoudrait le problème. Ces murokaïs ne parvinrent jamais à s’unir durablement pour représenter une menace sérieuse pour les væreliens.
C’est au cours des longs préparatifs de l’exode, qu’Ogdra-Jahud enseigna la magie symbiotique aux premiers « bergers », ceux qui croyaient le plus en lui et conduiraient les reptiles. Sans cesse il rassurait aussi les Murokaïs sur leur avenir, affirmant qu’à la fin le monde renaitrait, qu'il connaissait le lieu propice à leur hivernage et qu’il avait préparé une terre d’asile lorsque le moment viendrait de leur réveil.
Le jour du départ, Ogdra-Jahud fit la prédiction que lorsque l'hiver ne serait plus que vagues réminiscences, ce jour là, les Murokaïs reviendraient sur la terre de leurs aïeux.
Lorsque la « migration » débute enfin (entre 1500 et 500 années avant ce cycle), l’été n’est déjà plus qu’un vague souvenir, une très vieille légende værelienne. Ce sont des centaines de milliers de murokaïs qui se mettent en marche ou se joignent à l'interminable colonne. Le voyage dura longtemps, autant qu'une vie d'homme disaient les légendes. Les épreuves furent nombreuses, la faim permanente et les morts innombrables, notamment lors de l'ascension des montagnes du bout du monde (NdR : Ok c’est Noé et Moïse réunis, mais version Bloodlust !).
L'installation dans le cercle délimité par les montagnes du bout du monde se fit d'abord pacifiquement. Les Murokaïs évitaient les væreliens, s'installant sur les contreforts intérieurs des montagnes. S’établissant autour de village construit sur le modèle de leurs anciennes cités Malheureusement, le froid s'intensifiant, les væreliens restés à l’extérieur affluèrent en masse. Les Stilfari'n lancèrent alors un important programme de construction et se tournèrent vers les murokaïs. Les væreliens réduisirent de nombreux murokaïs en esclavage, malgré la résistance qu'ils leur opposèrent. Les exilés n'étaient pas formés aux arts de la guerre et ne disposaient plus d'armes ni des ressources pour en développer de nouvelles et jeu égale avec les stilfari’n. Ce fut une période terrible.
Les faibles ressources disponibles dans le cratère et le froid sévissant aux abords des montagnes poussaient les Murokaïs vers le centre du cratère, vers les væreliens. Ces derniers, repliés sur eux-mêmes ne se préoccupaient plus des murokaïs qui purent coloniser l’ensemble des terres libres en évitant soigneusement les voies d’accès aux villes væreliennes de l’extérieur.
La dispersion des communautés fragmenta le peu de cohésion et la civilisation murokaï se mua en une mosaïque, dont le seul véritable lien restait le mode de vie et la croyance en Ogdra-Jahud. Ce dernier naviguait d’une communauté à l’autre pour maintenir ce lien au fil des siècles.
Les Murokaïs qui n’avaient pas rejoint Ogdra-Jahud disparurent lentement en maudissant les démons blancs, à mesure que la glace recouvrait le continent værelien.
Mais l’ère glaciaire, les væreliens n’en étaient pas responsables, même s'ils avaient contribué à l’assèchement du continent avec les guerres fluidiques. L’utilisation abusive d’armes de destruction massive à base de fluide avait largment accéléré le processus d’éradication de la faune et la flore.
Et l’hiver s’installa.
Paradoxalement, cette période fut une des moins violente que connue Væriel depuis longtemps. Les Stilfari'n occupaient la zone la plus éloignée des montagnes - au centre de ce qui allait devenir le Nid - et donc la plus chaude, alors que les Murokaïs luttaient pour accroître la fertilité des terres qu'ils occupaient. Les raids væreliens se poursuivirent, cependant l'essentiel de leurs moyens étaient consacrés à la découverte et l'exploitation de leurs ressources.
C'est probablement plusieurs siècles après le début de ce cycle de Raz qu'Ogdra-Jahud parvint à convaincre ses pères de lancer un assaut contre les væreliens. Il prédisait que seule leur extermination mettrait son peuple à l’abri de la puissance værelienne. De plus en plus d’indigènes étaient capturés sans aucune possibilité de retour. Hélas, la décadence des murokaïs était consommée. Leur grandeur anéantie, peuple en exile réduit à un âge depuis longtemps oublié. L’inertie, la peur et les luttes intestines étaient trop fortes pour qu'Ogdra-Jahud puisse rassembler dernière lui une nation unie. Les væreliens sentir le vent venir et prirent les devants. Les Stilfari'n ne pouvaient plus utiliser inconsidérément les bombes au fluide dans le cercle des montagnes, seul lieu épargné par la glaciation. Ils lancèrent donc de nombreux raids pour le neutraliser.
Peu avant la fin de sa vie, plusieurs siècles plus tard, Ogdra-Jahud était adulé par ceux de son peuple. Les Stilfari'n ne purent donc pas jouer sur la jalousie, les dissensions et les ambitions de l'un ou l'autre murokaïs pour trouver le monstre.
Ogdra-Jahud fut finalement capturé. Les Stilfari'n l'exhibèrent dans les rues des 4 grandes mégapoles (3 des cités actuelles n’existaient pas encore). Ils se servirent ensuite du monstre comme cobaye et firent toutes sortes d'expériences sur lui, et notamment des Transferts bridés. Lors de ces Transferts et grâce à sa nature magique, Ogdra-Jahud entra en contact avec certains niveaux d'énergie du Fluide qu’il ne connaissait pas. Cela lui permit d'en approfondir sa compréhension et sa maîtrise, mais trop tard, hélas. Lorsque les Stilfari’n estimèrent en savoir assez, ils lui firent subir un transfert total…
Comme Ogdra-Jahud était un être exceptionnel, unique et qu'il leur avait échappé trop longtemps, les Stilfari’n ne purent se résoudre à en faire une simple machine pensante. Son âme fut enchâssée dans une plaque de cristal et, au même titre que celle de Silas, elle fut conservée en souvenir. Une sorte de reconnaissance cynique post mortem, en hommage à la prétendue immortalité d’Ogdra-Jahud.
A la fin de l'hiver de raz (autour de 3 000 de notre ère), ce qui avait d'abord été considéré comme une écrasante victoire par les Stilfari'n, s’était mué progressivement en défaite. En effet, la vénération envers Ogdra-Jahud n’avait fait qu'amplifier. Les Murokaïs étaient persuadés de la nature hautement mystique et omniprésente du Grand Reptile et de la capacité de leur Esprit-Saurien à survivre dans la mort. Plus ils invoquaient sa mémoire et plus leurs pouvoirs croissaient. Les murokaïs les plus fervents parvenaient même à modifier leur apparence pour ressembler à Ogdra-Jahud. Les pouvoirs dont bénéficiaient les indigènes inquiétèrent les Stilfari'n qui ne les avaient jamais réellement constatés avant la disparition de la créature. Une magie basée sur la symbiose avec la nature, en complète harmonie avec elle. Mais qu’importe, il était trop tard pour revenir en arrière. Les murokaïs prenaient conscience que leur soumission n’était pas une fatalité…
Peu après 4500 de Raz, les phénomènes astronomiques liés à la guerre des Pères réveillèrent définitivement les Murokaïs. Ils ne seraient plus réduits à de simples cobayes.
Mais personne ne se souvient plus de cette version de l’histoire des quatre royaumes combattants, ni de l’origine des Murokaïs.
…
Sauf peut-être …
…
Un être qui aurait survécu à la Mort elle-même
...
Mais non, cette personne n’existe pas, n'existe plus et ne sert qu’à faire peur aux enfants désobéissants …
…
Aux enfants, et aux adultes qui craignent tous inconsciemment son retour …
…
Le retour de Borak !